Francis Walder: Saint Germain ou la négociation - publié le 19/06/2006

Extraits

[...] Pourtant c'est vers ce personnage sans doute moins central mais beaucoup plus énigmatique que s'est tournée ma préférence. En effet, le personnage d'Eléonore n'apparaît que dans la seconde moitié du roman. Pourtant, son rôle dans la négociation sera crucial et c'est ce que je développerai dans la deuxième partie de ce rapport. Il apparaît en effet nécessaire de s'interroger tout d'abord sur la personnalité de la jeune femme avant d'essayer de comprendre son rôle dans la négociation du traité de Saint Germain. [...]

[...] Cette rencontre est loin d'être anodine et Eléonore sait bien qu'une telle rencontre hors du cadre des bureaux de Saint Germain est propice à des pourparlers plus avantageux et surtout plus libre. Le pire est probablement que le narrateur, en négociateur averti, est bien conscient de ces stratégies et du risque de tomber sous le charme de cette jeune femme, mais qu'il est pendant un temps incapable de réagir fermement. Aussi, il apparaît intéressant de revenir sur l'ambiguïté qui caractérise le personnage. [...]

[...] Serait-il trop complexe pour être réel ? Peut-être Il n'empêche que sous ses allures mystérieuses et pour le moins contradictoires, le personnage correspond assez bien selon moi à ce que le lecteur peut attendre d'une femme mêlée à cette époque à des tractations politiques. L'attrait que suscite ce personnage réside bien dans le fait que l'on ne sait pas grand chose d'elle et que, par conséquent, on est, à l'exemple du narrateur, sans cesse en train de se demander ce qu'elle pense, ce qu'elle cherche à obtenir, Pourtant, avant d'entrer dans les détails, il est possible de tracer un bref portrait de cette jeune femme. [...]

[...] Le rôle d'Eléonore de Mesmes dans la négociation du traité de Saint Germain Après ces considérations générales sur le caractère d'Eléonore, il s'agit maintenant de s'interroger de façon plus précise sur son rôle particulier dans les négociations : la façon qu'elle a de s'y prendre mais aussi la place tout à fait singulière qu'elle occupe. La jeune femme n'est en effet pas seulement une ravissante courtisane mystérieuse, son intervention va influencer de façon significative le cours des négociations. D'abord, le narrateur avoue que les négociations de Saint Germain prirent un attrait inattendu par l'entrée en scène de cette jeune fille, aventureuse, qui faisait l'aventurière, intrigante qui m'intriguait (p134) Alors qu'à ce moment précis, les négociations entre les deux parties semblaient un peu piétiner, l'arrivée d'Eléonore rajoute le piment perdu à ces discussions. [...]

[...] Il est temps que nous en finissions de céder Angoulême On notera ici que le narrateur n'est pas certain que sa cousine ait prononcé ces mots. Mais l'effet est le même, si elle n'a en effet pas tenu ces propos, le fait que le narrateur les ait imaginés dans sa bouche suffit à prouver l'influence de la jeune femme. Aussi, à la fin de la négociation, on peut remarquer que c'est elle qui conclue le débat par ces mots : La paix est faite. [...]