Toute l'ambiguïté de cette conférence repose dans le subtil équilibre que met en place De Gaulle : il jouit d'une forte légitimité due à son passé mais doit néanmoins faire face à de nombreuses critiques. Beaucoup l'accuseront de faire un coup d'Etat. Il s'agit donc ici pour lui, de légitimer son retour et de présenter un projet satisfaisant l'ensemble des parties sans toutefois se défaire de ses convictions profondes.
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Sommaire de l'exposé
Un retour à la faveur des évènements : l'homme providentiel
La Guerre d'Algérie
L'homme du 18 juin 1940 et du GPRF
Une volonté de conserver la légalité républicaine
Le projet de De Gaulle : entre conviction et hésitation
Contre la IVème et les partis : la volonté de renforcer les Institutions
Face au problème algérien peu de réelles solutions
Face aux « factieux »...
Extraits de l'exposé
[...] La conférence de presse donnée 4 jours plus tard est en soi un événement, puisque les journalistes français et étrangers se pressent au Palais d'Orsay. Celle-ci clôt définitivement sa traversée du désert marquée par la rédaction de ses Mémoires de Guerre et une fine observation de la vie politique du pays. Ce silence volontaire de 3 ans (Sa dernière conférence publique datant du 30 juin 1955), lui permet d'apparaître comme un homme providentiel, qui ne s'est pas encore prononcé sur le sujet et qui peut avoir une solution à proposer. [...]
[...] Pfimlin dénonce une attitude d'insurrection contre la loi républicaine. Alors que la solution semble devenue inextricable, que deux pouvoirs se font face, le Général Salan termine son allocution du 15 mai par un Vive de Gaulle Son nom avait été déjà évoqué le 11 mai dans l'écho d'Alger et le 13 mai par le Général Massu. Mais le fait que cela soit Salan , alors détenteur de l'ensemble des pouvoirs en Algérie, qui l'appelle donne à cette apostrophe un poids symbolique fort. [...]
[...] De Gaulle a du rassurer ses contemporains inquiets et jongler entre deux tableaux : s'il ne fait même pas référence aux insurgés d'Alger pour justifier son retour, il se refuse à désavouer les chefs militaires. Il substitue donc à l'appel des insurgés d'Alger, l'appel du pays tout entier Les Algériens crient Vive de Gaulle comme le font d'instinct, les Français et se pose en défenseur de la République. Le projet de De Gaulle : entre conviction et hésitation Outre les conditions de son retour au pouvoir et les polémiques qu'il suscite, il faut s'interroger sur le programme qu'il souhaite mettre en place. Que peut-il proposer au peuple ? [...]
[...] Aux combats et embuscades il substitue les accords et les arrangements de demain L'action du général de Gaulle n'a donc cessé d'être pragmatique. Il ne s'engage en outre sur aucune mesure qui pourrait lui porter préjudice une fois au pouvoir. E. Face aux factieux Un élément central de cette conférence de presse est bien évidemment le problème de l'armée. Celle-ci semble se détacher progressivement du pouvoir central, toutefois c'est elle qui a soulevé la possibilité du retour de De Gaulle. [...]
[...] Le gouvernement à Paris est vraisemblablement débordé par les évènements : les crises succèdent aux crises, [ ] sans qu'il en sorte jamais rien de net, de précis, d'efficace. En dénonçant l'inefficacité du pouvoir politique, et donc parallèlement les institutions de la IVème République, De Gaulle peut du même coup essayer de se préserver les faveurs de l'armée. La reprise du terme Dien Bien Phû diplomatique évoqué le 8 mai 1958 par Robert Lacoste ministre résident démissionnaire, est à ce titre caractéristique : il y a une véritable rupture entre l'armée qui se sent lésée et le pouvoir politique. [...]