Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, la France fut, grâce à l'action de Jean Monnet notamment, l'une des principales instigatrices de la construction européenne basée sur une coopération économique et pacifique de pays se relevant du conflit le plus meurtrier qu'ils aient connus. C'était par là-même rompre avec une histoire sombre vieille de plusieurs siècles, caractérisée par des passions exacerbées, des rivalités, des crises, des guerres qui avaient, et qui continuent malheureusement parfois à marquer l'histoire du continent, et dans lesquelles la France, en tant que grande puissance, se trouva impliquée. Dans ces conditions, quels sont les éléments les plus susceptibles de nous éclairer sur les difficultés qu'il fallut surmonter dès 1945 pour l'établissement de la paix en Europe ? Il semble que l'histoire des relations internationales entre la France et l'Europe de 1848 à la défaite de Sedan, puis de 1870 à l'armistice de Rethondes, puis de 1918 à l'instauration de Vichy sont un bon point de départ pour appréhender le monde contemporain.
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Sommaire de l'exposé
De 1848 à 1870 une France au rôle actif et original dans la géopolitique européenne
De 1870 à 1914 une France isolée puis forte et revancharde
Une France victorieuse mais affaiblie et incapable de dicter sa volonté
Extraits de l'exposé
[...] Elle a cédé en Alsace- Lorraine des régions riches et la naissance de l'empire allemand la rend plus vulnérable. Avec une formidable puissance démographique, économique et politique depuis l'unification allemande, Bismarck a les moyens de sa politique, c'est à dire d'une Deutschland über alles : il s'agit d'intégrer les Alsaciens-Lorrains et isoler la France diplomatiquement, persuadé qu'il est d'une nouvelle guerre avec la France dans le moyen terme si celle-ci trouve des alliés. Dans cette optique, la diplomatie allemande doit s'appliquer à rassurer l'Autriche-Hongrie et la Russie, dont l'attitude est à ses yeux plus importante que celle de la Grande-Bretagne, car celle-ci n'a pas d'armée. [...]
[...] Mais la Prusse a les moyens de sa politique, tandis que la France n'est pas prête à l'épreuve de force. C'est dans ce climat que la candidature du prince Hohenzollern au trône d'Espagne, va devenir la cause immédiate de la guerre. Le gouvernement français obtient le retrait de la candidature qui installerait la France entre deux puissances prussiennes. Mais Guillaume 1er refuse à l'ambassadeur français de donner une garantie pour l'avenir. Bismarck, en modifiant le contenu de la dépêche d'Ems, provoque la colère de la France qui se lance, isolée diplomatiquement, dans un conflit fatal pour l'Empire. [...]
[...] Cependant ces bases sont fragiles et la crise de 1929 brise le mythe d'une paix durable. Cette crise, suscitant guerres économiques, tensions politiques, affrontements nationalistes et idéologiques font reparaître les ambitions expansionnistes de l'Allemagne, de l'Italie, les larges imperfections du traité de Versailles, et le déclin inexorable des démocraties occidentales dont la France, qui ne peut s'opposer à la montée du nazisme, à l'échec du plan de l'Est et de la conférence de Stresa, à la remilitarisation de la Rhénanie, à la création de l'Axe Rome-Berlin, à l'Anschluss, à l'invasion de son alliée, la Tchécoslovaquie. [...]
[...] Afin que de tels évènements ne se reproduisent plus, mais également pour que l'Europe reprenne la place qui est la sienne dans la géopolitique mondiale, il me paraît nécessaire que les souverains français et européens, tirant leçon des préceptes de ce sombre bréviaire, poursuivent cette lente construction et fassent en sorte que l'histoire de la France et de l'Europe ne soit plus synonyme de passions belliqueuses mais de construction de la paix pour les siècle des siècles. [...]
[...] Il semble que l'histoire des relations internationales entre la France et l'Europe de 1848 à la défaite de Sedan, puis de 1870 à l'armistice de Rethondes, puis de 1918 à l'instauration de Vichy sont un bon point de départ pour appréhender le monde contemporain. De 1848 à 1870 une France au rôle actif et original dans la géopolitique européenne Les journées de février 1848 en France donnent à l'agitation libérale et nationale, en Italie, en Allemagne, en Autriche, une allure révolutionnaire qui menace de modifier la géopolitique européenne héritée du congrès de Vienne de 1815 fondée sur des principes "Ancien Régime"(des frontières qui bafouent les nationalités, alliance du trône et de l'autel et absence de libertés). [...]