Mai 68 : une révolution culturelle ? - publié le 28/02/2008

Extraits

[...] Mais le triomphe de juin 1968 et le surprenant remplacement de G.Pompidou par M.Couve de Murville ne fait oublier à de Gaulle que le pouvoir est fragile et son départ moins d'un an plus tard, après l'échec du référendum d'avril 1969 apparaît comme une conséquence de la crise de Mai, qui lui a révélé, de nouvelles mentalités, de nouvelles aspirations, et le décalage entre une satisfaction politique globale et une insatisfaction sociale durable. A travers le départ de de Gaulle, c'est la fin de la vieille France gaullienne qui disparait. Mai 68 serait alors certes une révolution culturelle In fine, la crise provoque à gauche un déclic ; d'où le renouveau du parti socialiste en 1972, et le Programme commun PS-PCF de 1974. La victoire de F.Mitterrand en 1981 en est l'écho lointain. b. Un psychodrame dans la révolution. [...]

[...] La libéralisation des mœurs s'est poursuivie, la loi l'a en partie entérinée (en 1974 par le droit à l'avortement ou l'abaissement de la majorité à 18 ans); la symbolique des rapports sociaux (on prône l'égalité entre les sexes), les codes d'usage, les styles de vie ont été sensiblement modifiés. Indubitablement l'esprit de Mai, l'esprit de Woodstock (1969) a sinon triomphé, n'a pour autant toujours pas disparu. En 1984, un parti écologique -les Verts- est même fondé. Pourtant, ils sont nombreux aujourd'hui à débattre sur les effets de l'esprit de Mai ; question polémique, politique plus qu'historique. Les anciens de 68 rappellent qu'ils ont pris la parole pour défendre les droits à la liberté, au bonheur et condamnant au passage l'ethnocentrisme et l'intolérance de l'Occident. [...]

[...] N'est-ce pas là opérer une véritable révolution culturelle? [...]

[...] Le mot Révolution suppose un changement brusque, radical; est-ce le cas? Nous comprendrions mieux ce mot de de Gaulle qui disait que «les français ne font de réformes qu'à l'occasion d'une révolution Par ailleurs le vocable «crise» est préféré à d'autres, révolution reste-il impropre aux évènements de Mai? Les termes «révolution» et «culture» doivent être considérés séparément tant leur signification est large et il serait audacieux de considérer a fortiori soit que Mai 1968 soit une révolution ou même qu'elle soit d'abord culturelle seulement culturelle-. [...]

[...] Une libéralisation des mœurs et des esprits a suivi un peu partout après les années prospères des années soixante. Et selon ses habitudes nous écrit Michel Winock, la France a suivi cette évolution générale par un sursaut brutal, une crise quasi révolutionnaire. Tout se passe comme si la société française, travaillée par un changement sans précédent, était trop conservatrice dans ses profondeurs et ses institutions pour s'adapter tranquillement aux mutations nécessaires. ii. Les interrogations sur l'héritage culturel de Mai 68. [...]