La perpétuation des formes traditionnelles de domination était conditionnée par l'existence d'une classe de paysans pauvres dépendant de la grande propriété. Celle-ci est en effet pourvoyeuse de travail, de ressources complémentaires, d'aumônes et de protections. Il est assez logique, dans ces conditions, que la disparition des catégories les plus vulnérables de la société rurale ait accompagné le déclin des anciennes élites de la terre. Si le paupérisme rural est loin de provoquer dans les classes dirigeantes la même inquiétude et la même frénésie discursive que la misère du prolétariat industriel naissant, les pauvres restent cependant nombreux dans les campagnes d'Europe, mais de façon plus massive en Espagne et en Italie qu'en France et en Allemagne.
...
Sommaire de l'exposé
Les mécanismes de la déchéance
Les effets de la crise
Des catégories vulnérables
Quelle définition de la pauvreté ?
Les exclus de la terre
Faire face à la paupérisation
Le rôle fondamental des communaux
L'aide extérieure : entre solidarité et répression
L'image du pauvre
Les sans travail en Italie (1880 - 1914)
Vers une déprolétarisation des campagnes ?
Un mouvement de sortie par le haut
Des frontières toujours ténues
Extraits de l'exposé
[...] Les arrestations pour vagabondage passent de en 1830 à en 1899. La mendicité ne fit plus admise, et fut affichée comme une anomalie. Les mendiants eux mêmes commencèrent à avoir honte de mendier. Lorsque dans le Roussillon, la crise de 1907 ramena une misère qu'on ne connaissait plus depuis au moins une génération, un médecin constata que les nouveaux mendiants se masquaient. Réflexion d'André GUESLIN, Gens pauvres, pauvres gens dans la France du XIXème siècle, Collection historique, Paris, Aubier Cf. [...]
[...] Ce peut être aussi le cas d'une maladie, comme celle qui attaque la pomme de terre en 1846. Les prix flambent, et atteignent leur maximum pendant la soudure. La spéculation contribue aussi à accentuer cette hausse des cours. Le petit exploitant qui consomme une grande partie de sa récolte a dû se débarrasser très vite du reste pour payer son loyer ou ses impôts. Il est souvent contraint d'emprunter de l'argent à des taux très élevés, et aura bien du mal à s'acquitter des dettes qu'il a contractées. [...]
[...] Compte rendu de l'ouvrage de Guy HAUDEBOURG, Mendiants et vagabonds en Bretagne au XIXème siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes Réflexion d'André GUESLIN, Gens pauvres, pauvres gens dans la France du XIXème siècle, Collection historique, Paris, Aubier Cf. Maria MALATESTA, dans GUESLIN et KALIFA (dir.) pages 59 69. Jean-Luc MAYAUD, dans HUBSCHER et FARCY pages 29 56. Pierre LEVEQUE, dans HUBSCHER et FARCY pages 77 101. Cf. [...]
[...] Pour cette raison, les salariés devenaient une classe dangereuse profondément crainte par les propriétaires. A cause du sous-développement économique de l'Italie, le modèle classique du XIXème, caractérisé par le danger des classes laborieuses urbaines, fut renversé. Le chômage rural transformait les campagnes en un lieu d'insécurité sociale et les salariés agricoles accédaient au rôle de classe dangereuse. Mais la cause principale du scandale pour les grands propriétaires était le haut niveau de politisation de cette classe dangereuse. Le socialisme italien du XIXème trouva principalement à s'alimenter dans les campagnes de la vallée du Pô. [...]
[...] Le prix du pain n'obsède plus autant les paysans. En raison de l'extinction progressive du paupérisme rural, le problème des communaux et des droits d'usage perd de son acuité. L'abolition de la vaine pâture par la loi de juillet 1889 suscite bien quelques résistances, mais guère de violence Des frontières toujours ténues La vie de Jean-Marie Déguignet est le parangon de cette mobilité sociale Né dans un milieu de petits paysans pauvres, il fait très tôt le métier de mendiant à l'intérieur de sa commune trois jours par semaine et aide ses parents. [...]