Le débat sur la politique extérieure de Mussolini est particulièrement dense depuis les années 1970 car les enjeux qu'il implique sont décisifs. Juger la politique étrangère de Mussolini, c'est à la fois juger l'homme et la nature fondamentale du régime ; déclarer que Mussolini aurait pu s'allier avec les dictatures contre Hitler, c'est forcément remettre en cause la diplomatie française et britannique
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Sommaire de l'exposé
Deux thèses radicales : De Felice contre Knox
De Felice et la politique du poids décisif
Knox et la Common destiny
Quels moteurs de la politique extérieure de Mussolini ?
Idéologie, opportunisme ou réalisme de la politique extérieure de Mussolini ?
Une alliance possible avec les démocraties ?
L'important est la hiérarchisation de ces éléments et la possibilité de compromis
Comment interpréter l'Ethiopie et l'alliance avec l'Allemagne ?
La guerre d'Ethiopie : motivations et incidences
L'approfondissement de l'axe Rome-Berlin
Extraits de l'exposé
[...] D'autre part, il développe l'idée d'une similarité des programmes nazis et fascistes (mêmes si les idées de Mussolini étaient beaucoup moins systémiques que celles d'Hitler). Pour Mussolini et Hitler, la domination intérieure et l'expansion extérieure sont intimement liées, et ils envisageaient une alliance pour détruire l'ordre mondial. A la présentation de ces deux thèses les plus extrêmes, il convient d'adopter une démarche plus analytique qui fera intervenir d'autres auteurs. Quels moteurs de la politique extérieure de Mussolini ? Idéologie, opportunisme ou réalisme de la politique extérieure de Mussolini ? [...]
[...] Une alliance possible avec les démocraties ? On peut énumérer les raisons plus ou moins objectives qui tendraient à rapprocher Mussolini d'Hitler ou des démocraties. Ainsi, parmi les facteurs poussant Mussolini vers Hitler, on peut citer une certaine culture et idéologie commune, le mépris de Mussolini pour les nations " ploutocratiques " décadentes, l'obstacle français à la révision des traités, les antagonismes d'intérêts avec les démocraties en Méditerranée et en Yougoslavie ainsi que la glorification de la guerre (contraire à l'esprit de Genève). [...]
[...] Et si un retournement des alliances n'était plus possible, c'est avant tout pour ne pas être à l'écart du partage des dépouilles de la France que Mussolini entre en guerre aux côtés d'Hitler. L'interprétation de Burgwyn est assez proche, mais différente sous plusieurs aspects. Il insiste fortement sur l'idée de piège allemand, et surtout sur les fautes diplomatiques de Mussolini. La politique qu'il souhaitait, le poids décisif, ne pouvait être mise en ?uvre en cas d'Anschluss, car l'Italie ne disposerait alors plus de marge de man?uvre. Mais ayant facilité l'Anschluss par idéologie, il ne lui reste plus qu'un choix. [...]
[...] Pour Knox, si Mussolini n'a pas écrit Mein Kampf, un programme cohérent avec ses actions peut se dégager de sa politique étrangère. Son but ultime est la création d'un empire afin de faire de l'Italie la nation dominante du Bassin méditerranéen. De ce dogme dérive un programme : libérer l'accès à la mer condition sine qua non pour être une grande puissance. Ceci nécessitait un réarmement (commencé dès les années 1920 et non en 1935 la sélection d'objectifs intermédiaires en Europe et en Afrique (Yougoslavie, Ethiopie, Albanie . [...]
[...] Aux raisons évoquées, il ajoute l'influence sur sa politique de sa maîtresse, l'intellectuelle juive pro- démocraties Margherita Sarfatti. Il rappelle également l'amitié de Mussolini avec Chamberlain et Churchill. Le Pacte à Quatre témoigne du caractère pacifique de ses ambitions (révision de Versailles sous Genève), le 25 juillet 1934 et le front de Stresa témoignent de son opposition à Hitler. Si la Grande-Bretagne avait reconnu plus tôt la conquête de l'Ethiopie ( réalisée en 1938), Mussolini serait resté hors des bras d'Hitler. [...]