Commentaire de texte : Les constitutions du Concile romain de 1059
Résumé de l'exposé
Le document est un ensemble des canons adoptés lors du Concile de Rome en 1059 par le pape Nicolas II et 113 évêques. Les lois promulguées dans ce document officiel permettent une réorganisation du clergé. Parallèlement, alors qu'à partir du IXè siècle, où partout en Europe s'allument des foyers de réformes monastiques, la papauté elle-même écrit une page sombre de son histoire. Cette période voit apparaître de nombreux scandales qui ternissent toujours plus le prestige de la papauté, où le siège de St Pierre est tour à tour légué, vendu, imposé par la noblesse italienne ou par l'empereur germanique. C'est donc dans ce contexte qu'apparaît, dans la première moitié du XIè siècle, des projets de réformes ecclésiastiques, qui vise d'une part à diriger les efforts sur le plan moral, mais aussi à tenir véritablement le gouvernement de l'Eglise. Ainsi, le groupe réformateur organisé autour des évêques Pierre Damien et Hildebrand parvient à imposer l'archevêque de Florence Gérard de Bourgogne en 1059 face à Benoît X, qui avait été mis en place par la noblesse romaine. Le Concile de Rome permet ainsi à Nicolas II de légitimer son accession au Saint Siège en redéfinissant les modalités de l'élection pontificale. De manière générale, nous pouvons nous demander de quelle manière le pape Nicolas II entreprend-il avec le Concile de Rome une rénovation profonde de l'institution ecclésiastique. Les mesures définies portent tout d'abord sur le monde d'élection du pape ; dans un deuxième temps nous verrons qu'elles portent aussi sur les m?urs du prêtre et enfin sur sa relation avec son église.
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Sommaire de l'exposé
Mode d'élection du pape
Innovation du droit canonique électoral
Conséquences
Moeurs des prêtres
La simonie
Le nicolaïsme
Le prêtre et son église
Les prêtres ne reçoivent plus d'église des laïcs
Un prêtre = une église
Extraits de l'exposé
[...] Le terme de nicolaïsme est employé par les réformateurs du XIe siècle pour stigmatiser l'infraction commise à la loi du célibat clérical. Ainsi lors du concile, le mariage ou le concubinage des prêtres fut dénoncé, interdisant par la même la tenue de la messe par un prêtre qui sans aucun doute, une concubine ou une femme clandestine [ ] sous peine d'excommunication (canon 3). La chasteté des clercs que le concile attribue au pape Léon IX est due au fait qu'un évêque ou ecclésiastique, étant déjà lié à son siège ou bénéfice, ne peut par conséquent s'unir à une femme. [...]
[...] Ces réformes concernent en particulier les m?urs des prêtres. Déjà abordée lors du Concile de Reims en 1049 par le pape Léon IX, la question de la lutte contre la simonie est de nouveau évoquée dix plus tard. La simonie, qui fait référence à Simon le Mage un personnage légendaire qui aurait offert à l'apôtre Pierre de lui racheter le don de faire des miracles, désigne le trafic contre argent des biens d'Eglise. Ainsi, le canon 9 précise : Que personne ne soit ordonné ou promu par l'hérésie simoniaque à aucune charge ecclésiastique Au-delà du simple péché, la simonie est reconnue comme une hérésie, c'est à dire une distorsion de la vraie foi. [...]
[...] La seconde raison peut être le risque que des prêtres trop riches cèdent aux tentations simoniaques et s'élèvent ainsi dans la hiérarchie ecclésiastique. Enfin, les clercs rattachés à une église sont astreints à vivre en communauté (canon c'est le principe de la vita communis. Concrètement il est recommandé aux chanoines de retourner à l'usage du dortoir et du réfectoire en commun plutôt que de vivre dans des habitats individuels. Plus qu'une simple légitimation de son accession au trône épiscopal, Nicolas II permet véritablement avec le Concile de Rome de 1059 d'assurer au groupe réformateur au sein de la Curie, le contrôle de la papauté, et par là même celle du clergé dans son ensemble. [...]
[...] Ces canons apparaissent véritablement comme les prémisses de la réforme dite grégorienne, laquelle est mise en place en 1070 par le pape Hildebrand devenu Grégoire VII qui conforte le statut du pape comme chef de l'Eglise catholique. [...]