Les origines de la révolution française

Extraits

[...] Peu à peu, au cours du siècle, le modèle de la monarchie absolue montre ses limites. Il faut sans doute ici évoquer la faiblesse de Louis XVI. Le roi est présenté comme inapte à gouverner, écrasé par ses responsabilités. Il est même ridiculisé par le gouverneur américain Morris en 1790 : Que peut-on attendre d'un homme qui dans sa situation mange, boit et dort bien, qui rit, qui est le gaillard le plus gai du monde ? Le pouvoir royal est par ailleurs sous son règne redevenu l'enjeu de luttes d'influences aristocratiques. [...]

[...] Le jansénisme est en effet animé d'une volonté de désacraliser tout intermédiaire entre la conscience et Dieu. La monarchie française, que caractérise un rapport particulier du politique au sacré, est donc directement visée. La société française apparaît donc peu paisible dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, durant laquelle une effervescence populaire a grandi au fil des années. L'opinion publique populaire se politise en effet à l'occasion de ces diverses révoltes qui emplissent le siècle : Kant écrit que désormais, l' usage public de leur raison par des personnes privées est une pratique culturelle courante. [...]

[...] Jusqu'en 1770, les prix ne cessent de monter, suscitant la floraison d'entreprises. Le royaume rassemble en 1789 une population de plus de 28 millions d'habitants qui, en augmentation tout au long du siècle, renforce la prospérité marchande : le commerce intérieur bénéficie d'une demande abondante. Cependant, en 1776 la France sort du cycle de croissance entamé en 1730 : le règne de Louis XVI s'inscrit dans une période de crise. L'accroissement des dépenses de l'Etat, en particulier militaires avec la participation à la guerre d'Indépendance américaine a alourdi la dette publique, à laquelle est consacrée 30% du budget de l'Etat en 1774. [...]

[...] Le réquisitoire est général, mais il n'est pas, à ses débuts, radical. Face à la crise de surproduction qui touche le pays depuis le début des années 1780, les grands propriétaires nobles augmentent le taux des prestations féodales et monopolisent les charges de l'Etat. En 1781 par exemple, l'édit des quatre quartiers réserve aux nobles incontestables le droit d'entrer dans l'armée royale comme officiers sans passer par le rang. La noblesse éprouve le sentiment d'un appauvrissement relatif car désormais ce sont non plus les biens fonciers mais le commerce et l'industrie qui fournissent les plus gros et les plus rapides profits. [...]

[...] Conclusion Les origines de la Révolution française sont donc complexes : les facteurs sociaux, économiques, politiques, intellectuels aussi bien que religieux peuvent et doivent être invoqués. Mais c'est la convergence de tous ces facteurs qui mène les Français à la révolte. Des Français profondément divisés que seul l'esprit de réforme réunit. Si les tensions sociales tiennent une place non négligeable aux origines de la Révolution, la monarchie absolue est morte de n'avoir pas su ou pas pu se réformer elle- même. [...]