Henri Matisse et les fauves ou l'explosion des couleurs pures
Résumé de l'exposé
En première partie, nous envisagerons la genèse du mouvement, et plus exactement, la construction sublime mais en perpétuelle évolution, que des maîtres de la couleur pure donne de la peinture. Dans une deuxième partie, nous traiterons de la découverte des vertus de la couleur pure par Henri Matisse qui reste l'artiste le plus connu et le plus manifeste du mouvement fauve. Dans une troisième partie, nous envisagerons une autre voie du fauvisme, incarnée par les maîtres de l'école de Chatou. L'ensemble des artistes fauves sera évoqué au fur et à mesure des différentes parties, suivant leurs sources d'inspiration et leurs attachements respectifs. Notre objectif est ainsi de réaliser une rapide mais exhaustive présentation du mouvement et de ses artistes les plus représentatifs. Nous achèverons cette évocation par une série de descriptions de tableaux permettant une meilleure perception des différences de style, de technique, d'inspiration et d'évolution picturale
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Sommaire de l'exposé
La genèse ou plutôt les genèses du mouvement fauve
Matisse, le fauve le plus prestigieux quand forme et couleurs explosent
L'école de Chatou, une autre voie majeure du fauvisme
Extraits de l'exposé
[...] Ce type féminin, inspiré peut-être de la demi-mondaine aux lèvres agressivement rouges et au visage blême, trouva chez ce peintre son expression picturale la plus évocatrice. [...]
[...] On peut en conclure que ses leçons ont moins porté sur les problèmes de la technique et sur l'application de formules académiques, qu'exalté le tempérament de chaque artiste et se liberté d'expression, c'est-à-dire suscité une prise de conscience individuelle conduisant à un affranchissement. Dans le fauvisme il s'agira bien précisément de ce refus des conventions et de la découverte d'un langage tout à fait personnel. Cette libération ne prendra cependant pas pour base l'apparence du désordre, de la naïveté ou de l'ignorance, ni le refus des disciplines de l'école. Au contraire, les artistes ne s'en réclament que lorsqu'ils ont pleine conscience d'avoir acquis les moyens de leur métier. [...]
[...] Dans un temps de recherches et d'incertitudes elle apporte l'exemple d'un accomplissement avec des certitudes. Ainsi Matisse fait figure de grand révolutionnaire, mais non de révolté car son apparente facilité est la réponse aux problèmes qu'il s'est posés à lui-même. Entre les grandes arabesques qui rythment les compositions de la Joie de vivre (1907-1908) ou celles de la grande composition de la Fondation Barnes sur le thème de la Danse (1932-1935) et les papiers découpés de la fin de sa vie l'unité est indiscutable, mais ne correspond pas à une stagnation. [...]
[...] S'étant rencontrés tout à fait par hasard, un beau jour, à l'occasion d'une panne de chemin de fer, les deux hommes font route ensemble et, bavardant, s'aperçoivent qu'ils nourrissent une analogue passion pour la peinture. Tout de suite une étroite camaraderie les lie (ils prennent même un atelier commun à Chatou en 1900). Cette amitié devait se dissiper quelques années plus tard, au moment où, les véhémences spontanées du début s'étant émoussées, les divergences s'affirmèrent clairement et orientèrent bientôt chacun des deux artistes vers des réalisations bien différentes. [...]
[...] Il n'est pas exclu qu'il y ait en France des artistes préoccupés de revendications politiques et insatisfaits par les injustices et les contraintes bourgeoises ; mais cette insatisfaction ne s'exprime pas par les moyens de la peinture, ou plutôt n'agit pas sur celle-ci. Les peintres qui tentent d'avoir sur ce plan, par exemple Steinlen, Ibels, ou Métivet, n'emploient pas les langages de l'avant-garde ; même Vlaminck, le plus antibourgeois, le plus anticonformiste des fauves, ne donne jamais à sa peinture un sens d'actions sociale, et toute son ?uvre est imprégnée avant tout d'une pathétique communion avec la nature. [...]