Peut-on dire à chacun sa vérité ?

Extraits

[...] Mais la vérité de notre intelligence à nous est changeante (Saint Thomas eme siècle dans la Somme Théologique Enfin d'un point de vue pratique comment vivre ensemble sans s'accorder sur une vérité commune. Pour Platon les rois sont philosophes parce que seule l'idée vraie de la justice peut fonder une république. Rousseau reprend cette analyse en voyant dans le pe uple, le souverain qui décide de la loi commune. Sans cela c'est le règne de l'anarchie ou de la violence (Calliclès et la loi du plus fort). II) En quel sens la politique concerne t -elle tout le monde ? [...]

[...] Repris par Montesquieu dans l'Esprit des Lois: à chaque peuple ses lois, ses conditions de vie concrète. Cela invite à la tolérance car chaque fois que des systèmes philosophiques, religieux ou politiques ont voulu imposer leur vérité cela a conduit au dogmatisme, au totalitarisme, ex: le totalitarisme de l'idéologie marxiste. "Les idées les plus virulentes o nt des aptitudes exterminatrices qui dépassent celles des dieux les plus cruels". Il y a d'ailleurs deux domaines où cela se vérifie : la religion et l'Art. [...]

[...] Dans les sciences, même si la vérité est toujours discutable, soumise à la critique, c'est pour mieux s'en app rocher. L'histoire des sciences conduit au progrès de la vérité. Ce dont on est sûr: nos erreurs passées, "erreurs rectifiées", Bachelard. Respecter l'unité de la vérité et sa diversité, chaque point de vue contient une part de la vérité globale. Dire "à chacun sa vérité" est acceptable tant qu'on reconnaît ainsi notre difficulté à la cerner et ce la doit nous rendre d'autant plus prudent. [...]

[...] C'est encore plus vrai des vérités dites morales ou politiques. L'idéal démocratique n'est qu'un idéal confronté à ses diverses applications parfois contradictoires: démocraties grecques, République Française, ou démocraties populaires. Ceci peut se comprendre par la finitude de la connaissance humaine incapable d'atteindre un point de vue universel. Ainsi même pour Kant nous ne pouvons pas connaître la chose en soi, mais seulement son phénomène www.oodoc.com La science est une recherche indéfinie de la vérité: vérité partielle et provisoire. Pour les sophistes comme Protagoras: l'homme est la mesure de toute chose. [...]

[...] La vérité serait donc affaire de point de vue de cu lture ou d'époque. Mais n'est -ce pas confondre le discours sur ces choses avec les choses elles -mêmes? Or la vérité selon Spinoza est adéquation entre la chose et l'intellect et dans ce cas la vérité ne peut être qu'une et universelle. De plus admettre un tel relativisme risque bien de masquer, derrière un discours de tolérance, des intérêts peu recommandables et parfois même dangereux. Comment alors concilier le respect des opinions et des choix de chacun avec la reconnaissance indispensable d'une vérité u ne et commune à tous sans courir le risque du dogmatisme ou du totalitarisme? [...]