Que gagnons-nous à travailler ? - publié le 25/02/2010

Extraits

[...] Nos besoins sont de plus en plus raffinés ou luxueux, ils exigent désormais davantage de superflus que de nécessaire - ou plutôt, c'est le superflu qui s'est substitué à l'ancienne nécessité vitale. Une telle situation ne peut qu'encourager à produire toujours davantage, et des objets de plus en plus complexes. L'histoire de l'humanité, laborieuse est aussi l'histoire d'une découverte d'objets constamment nouveaux, destinés à satisfaire des désirs de plus en plus artificiels. [III - Quelle valeur reconnaître à la liberté apportée par le travail [A. [...]

[...] Que gagnons-nous à travailler? [Introduction] Même s'il semble parfois satisfaisant en lui-même, le travail est généralement ressenti comme pénible: on ne consentirait à l'accomplir qu'à la condition d'en espérer quelque gain, et si possible important. On accepterait d'autant mieux ses contraintes qu'elles seraient finalement compensées par ce que le travail peut rapporter au travailleur. De ce point de vue, la forme la plus évidente du gain semble bien être le salaire, mais on constate aisément qu'il n'est pas nécessairement proportionnel à la quantité du travail fourni. [...]

[...] [II - Le travail nous fait gagner un monde humain] [A. La nature est entièrement modifiée] Le travail humain ne nous montre pas seulement ses résultats dans les phénomènes les plus évidents: l'urbanisme de nos villes, la circulation de nos véhicules, les instruments d'information ou de communication qui sont à notre disposition. Il a totalement transformé les apparences de la nature elle-même: les paysages que nous pouvons aujourd'hui contempler résultent de l'histoire de l'agriculture, nos forêts ont été plantées et entretenues, les rivages maritimes ont été modifiés par les installations portuaires, les constructions destinées à l'habitat et au commerce, etc. [...]

[...] - Pourquoi travaillons-nous [A. Par suite d'une malédiction Classiquement, le mot travail est étymologiquement référé au latin tripalium, qui désigne les entraves avec lesquelles on attachait le bétail, et suggère l'idée d'une torture. Dans l'Antiquité grecque et romaine, le travail, du moins dans sa dimension physique, était accompli par les esclaves: une sous-humanité, dont Aristote souligne qu'elle n'est constituée que outils animés» guère différents des animaux de trait ou de labour. La mentalité chrétienne vient ensuite confirmer la pénibilité du travail, et son caractère pour ainsi dire maudit» : c'est après le péché originel, lorsqu'ils sont chassés du Paradis où le travail n'existait pas, qu'Adam et Ève sont condamnés par Dieu, le premier à gagner son pain à la sueur de son front la seconde à enfanter dans la douleur - ce qui instaure de surcroît une division sexuelle du travail. [...]

[...] Sa conscience, initialement abstraite et singulière, devient dès lors concrète (inscrite dans la matière) et universelle, par ses possibilités d'action sur le réel. [B. Ne risque-t-elle pas de subir des éclipses L'analyse hégélienne est certes encourageante, mais elle risque de paraître bien éloignée de ce que vit intimement le travailleur moderne. C'est bien là ce que lui reproche Marx, qui insiste de son côté sur ce que l'organisation industrielle du travail peut avoir au contraire de déshumanisant, la conséquence en étant que l'on ne se sent humain que lorsqu'on est enfin au repos. [...]