"Le soleil se couche", "la terre est immobile", "une étoile est minuscule" : ce type de jugement correspond, croyons-nous, à la manière dont nous percevons les phénomènes ou le monde extérieur.
Même si la science a pu démentir ces affirmations, si nous nous fions à nos sens, nous pouvons continuer de dire que "cette étoile est minuscule" dans la mesure où nous la percevons comme telle.
Faut-il alors considérer comme fondamentalement trompeuse la perception et construire la connaissance en rupture par rapport à celle-ci ? Ou bien doit-on lui attribuer un autre rôle, permettant de l'inclure dans le domaine de la connaissance ? Ne témoigne-t-elle pas en effet de notre présence dans le monde, et de notre manière de l'habiter ? ()
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Sommaire de l'exposé
Introduction
I) La perception est fondamentalement trompeuse, la connaissance ne peut se construire en rapport avec celle-ci
A. Perception et évidence sensible B. Perception et illusion
II) La perception incluse à la connaissance
A. Innocence de la perception
III) La perception comme témoin de notre présence dans le monde
A. Leibniz et "les petites perceptions" B. Le corps est au centre de la perception : Merleau-Ponty
Conclusion
Extraits de l'exposé
[...] Mais si on l'approche du feu, sa couleur se change, sa figure se perd, sa grandeur augmente, il devient liquide, il s'échauffe, à peine peut-on le manier, et quoique l'on frappe dessus il ne rendra plus aucun son. Descartes pose alors cette question : La même cire demeure-t-elle après ce changement ? S'agit-il du même morceau de cire ? Si l'on se fie aux sens, il ne s'agit pas du même morceau de cire ; mais la raison (ce que Descartes nomme ici l' entendement nous dit qu'il s'agit bien de la même cire. [...]
[...] Le fait que l'esprit ne puisse prendre pour vraies les perceptions sans discernement ne signifie pas qu'elles soient à exclure du processus de connaissance. Au contraire, les sensations doivent être utilisées et réfléchies par la raison. En résumé, la perception est une source de connaissance à la condition que la raison explique ce que les sensations ont d'intelligible. [...]
[...] La conscience, dit HUSSERL, est toujours conscience de quelque chose. Comme le précise encore Merleau-Ponty dans L'?il et l'esprit (1961), persiste l'indivision du sentant et du senti La notion de perception se trouve donc au centre de la réflexion de Merleau-Ponty (Phénoménologie de la perception (1945). Conclusion : Si l'évidence sensible, qui nous semble à première vue procéder de la perception, ne peut correspondre à une source indubitable de connaissance, elle demeure, en tant que rapport originaire au monde, ce qui nous permet de prendre connaissance de l'existence de la réalité extérieure. [...]
[...] Il reconnaît, par conséquent, que la perception est utile (De l'âme). Pourtant chacun de nous a déjà fait l'expérience de se tromper, par exemple en jugeant qu'un bâton plongé dans l'eau semble brisé, donc en se basant uniquement sur la perception qu'il a du phénomène. Le témoignage de nos sens peut donc être trompeur Perception et illusion Si l'on se fie à nos sens, une même chose dans la réalité apparaît changeante et multiple, à moins de considérer que la vérité sur un même objet peut changer d'un instant à l'autre, il est nécessaire de se méfier de la perception, dans la mesure où elle peut nous induire en erreur. [...]