Quête et refus de l'origine dans La recherche de l'Absolu de Balzac
Résumé de l'exposé
Les charges du procès intenté à l'ordre de la représentation dans La recherche de l'Absolu de Balzac s'articulent à partir du rapport à l'origine de ses personnages. Contre la tradition, Balzac assume la modernité en montrant ce qu'elle a d'hybride. En témoigne le personnage de Joséphine, physiquement infirme mais d'une générosité grandiose, mélange de sublime et de grotesque. Mais quoiqu'il l'endosse, Balzac n'est pas moins critique de cette modernité et de la quête d'une rationalité scientifique fondatrice du sujet et du monde qui la caractérise. Si la recherche obsédée de l'absolu est le moteur de la narration, la dynamique de refus et d'acceptation de l'origine et de la consistance identitaire est le moteur spirituel derrière cette recherche.
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Sommaire de l'exposé
Refus de l'histoire familiale
Quête de l'origine du monde
Procès intenté à l'ordre de la représentation et consistance identitaire
Extraits de l'exposé
[...] Marguerite allait être, dans un temps donné, la confidente active de sa mère, et serait au dénouement le plus redoutable des juges.[23] Parce qu'elle reconnaît cette origine d'autant plus tragique qu'elle lui échappe totalement, Marguerite pourra s'en distancier et échapper à la folie destructrice dont sa famille est marquée. En maintenant par sa rencontre amoureuse une logique d'altérité, Marguerite affecte une maîtrise qui n'est rendue possible que par la reconnaissance de la non-maîtrise qui est première dans la constitution du sujet. La recherche de l'Absolu, Honoré de Balzac, Librairie Générale Française pp. [...]
[...] Paradoxalement, cette folie de vouloir retrouver l'origine vient justement du fait qu'il ne reconnaît pas ses propres limites, à commencer par celle de sa propre origine. Voulant échapper à cette origine et à l'histoire qui le précèdent, Balthazar se voit rattrapé par celles-ci, sous la forme d'une monomanie atavique. Tel Claës s'était passionné pour les meubles, tel autre pour l'argenterie, enfin chacun d'eux avait eu sa manie, sa passion, l'un des traits les plus saillants du caractère flamand.[21] Balthazar est d'autant plus déterminé par cette folie héréditaire qu'il ne peut reconnaître son origine. [...]
[...] Or, cette famille était représentée dans la branche établi à Douai, par la personne de M. Balthazar Claës-Molina, comte de Nourho, qui tenait à s'appeler tout uniment Balthazar Claës.[4] Celui-ci cherche, en exerçant un contrôle sur son nom, à se réapproprier, du moins en partie, ce point d'ancrage de son identité. On peut lire à la page suivante toute l'importance du nom et de l'histoire qui s'y rattache : Les habitants de la ville portaient une sorte de respect religieux à cette famille, qui pour eux était comme un préjugé. [...]
[...] Cette impossibilité à fonder le sujet et le monde dans la raison ou dans la science est l'idée première exprimée dans La recherche de l'Absolu. Avant d'assister à l'échec du savant, Joséphine à plusieurs reprises et même le notaire vilement égoïste expliquent à Balthazar qu'entreprendre une telle quête revient à se mesurer avec l'impossible Une autre dimension de ce procès est l'affirmation de la supériorité du romanesque sur le scientifique pour saisir les structures et mécanismes du sujet comme du monde. [...]
[...] Le commerce avec les Indes y a versé les inventions grotesques de la Chine, et les merveilles du Japon. Cependant, malgré leur patience à tout ramasser, à ne rien rendre, à tout supporter, les Flandres ne pouvaient guère être considérées que comme le magasin général de l'Europe, jusqu'au moment où la découverte du tabac souda par la fumée les traits épars de leur physionomie nationale. Dès lors, en dépit des morcellements de son territoire, le peuple flamand exista de par la pipe et la bière.[1] De ce peuple, on apprend qu'il est né de la multiplicité des sources cosmopolites dont sont issus ceux qui en font partie. [...]