Pour qui sonne le glas marque chez Hemingway le retour de la faveur du publique et des critiques après une décennie sans grand succès. Publié à la fin de la Guerre civile espagnole et au début de la Seconde Guerre mondiale, ce roman a confirmé sa maîtrise du roman d'aventure militaire. Son roman évoque de plus l'Adieu aux armes de 1929, récit d'une rencontre amoureuse mais marque cependant une rupture avec la vision plus noire et désespérée de la guerre qu'Hemingway avait offerte. Dans l'oeuvre d'Hemingway, Pour qui sonne le glas est souvent considéré comme un écart par rapport au son style habituel que l'on retrouve par exemple dans Le soleil se lève aussi. En effet, ses précédents ouvrages comprennent des dialogues dans un registre plus familier et peu de descriptions conséquentes. On a pu interpréter Pour qui sonne le glas comme une réponse aux critiques de ce style. C'est en fait son roman le plus long et il y inclut des descriptions du paysage importantes ainsi que des monologues intérieurs inédits, comme par exemple ceux de Jordan. Ce changement a tantôt été dénoncé comme une trahison et tantôt salué pour son originalité. Cependant, Hemingway est retourné vers un style plus traditionnel dans son oeuvre suivante Le vieil homme et la mer.
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Sommaire de l'exposé
Ce roman témoigne de la position d'Hemingway envers les Républicains et communistes espagnoles
Une des manifestations du fameux style d'Hemingway
Pour qui sonne le glas, adopte une structure chronologique entre la rencontre du groupe et de Robert Jordan et son agonie après la chute du pont
Pour qui sonne le glas symbolise l'idéalisme des intellectuels des années 30 face à la montée de la menace nazie et fasciste
La caractérisation des personnages représente une des réussites du livre
Hemingway accorde une place centrale à la nature dans le récit
Extraits de l'exposé
[...] Au contraire, les fascistes sont associés à la machine par les champs lexicaux et les images qu'Hemingway emploie. Ainsi, Jordan évoque tout d'abord les avions fascistes dont les ombres glissent sur la campagne comme les ombres des requins sur un banc de sable au chapitre VIII mais reprend l'image de la machine au chapitre suivant : ceux là n'avancent pas comme des requins. Ils avancent comme la fatalité mécanisée. En outre, Hemingway intègre une réflexion sur l'écriture au roman. Cette réflexion rapproche l'expérience de Jordan de l'autobiographie. [...]
[...] Cet effet est d'autant plus fort que le lecteur participe au massacre comme le revendique Pilar : je voulais partager et être coupable autant que n'importe qui Enfin, cet extrait représente une véritable mise en abîme étant donné la longueur de la scène. Cette imbrication des récits l'un dans l'autre est soulignée par les remarques de Jordan dans le chapitre suivant : si cette femme pouvait écrire ! (Chapitre XI). Cette scène et le reste du roman m'ont particulièrement plu. [...]
[...] Des critiques ont ainsi décrit Pour qui sonne le glas comme le meilleur compte-rendu de fiction de la Guerre Civile (Anthony Burgess). En effet, Hemingway dresse une véritable fresque de l'époque par la diversité géographique du récit : par les récits de Pilar, on découvre aussi bien le village anonyme perché au dessus de la falaise que Valencia, sa plage et son agitation (chapitre VIII). Jordan, lui, évoque les rues madrilènes de Gran Via Punto de Santa Mara et le Parque de Buen Retiro (chapitre XVIII). [...]
[...] Pour qui sonne le glas, adopte une structure chronologique entre la rencontre du groupe et de Robert Jordan et son agonie après la chute du pont. Cependant, Hemingway ponctue ce récit de parenthèses de diverses natures qui introduisent des ruptures dans le temps et dans l'espace. Ces parenthèses qui sont principalement des souvenirs remplissent tout d'abord une fonction informative : ainsi, le premier flash back du chapitre I nous renseigne sur la mission de Jordan et décrit son entretien avec Golz. [...]
[...] Si je n'ai pas lu en une seule fois ce texte de plus de 400 pages, je ne regrette pas le choix de ce roman. Déjà, Le vieil homme et la mer m'avait fait découvrir Hemingway : Pour qui sonne le glas vient non seulement confirmer mon goût pour Hemingway mais m'a aussi connaître un style différent, plus classique et particulièrement agréable à lire. [...]