Dans la chaleur vacante est un recueil exemplaire du travail que mène Du Bouchet sur la typographie, comme nul ne l'avait fait depuis Mallarmé. Cette remarque s'applique proprement au texte « relief ». Ce texte est un poème composé de 39 segments qui sont séparés en trois grandes séquences remplissant chacune une page. Le texte « relief » se situe juste avant « Météore » comme s'il montrait une renaissance, une reconstruction. Mais cette reconstruction est éphémère puisque le poème « relief » est suivi du poème « accidents ». Le relief apparaît alors comme quelque chose d'intenable, d'indéfinissable. C'est pourquoi nous pouvons nous demander en quoi, à partir du texte « relief », l'écriture de Du Bouchet est elle-même une écriture du relief. La fragmentation permet précisément l'effet de relief.
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Sommaire de l'exposé
Un poème composé ''d'accidents'' influant sur la lecture et la compréhension
Une fragmentation et des accidents qui servent à la mise en relief d'une écriture nouvelle
Extraits de l'exposé
[...] De même, nous pouvons voir dans ce texte une quête du temps. Cependant, le temps s'écoule, même si les verbes sont au présent le temps est insaisissable pour le lecteur. La première séquence commence par l'adverbe aujourd'hui alors que la deuxième séquence se termine par hier Ces quêtes utopiques créent un accident du texte, du relief. L'auteur dans ce texte débarrasse l'objet de sa matérialité. Dès le premier segment, il y a une discordance de sens, le nom commun lampe qui n'est pas animé est le sujet d'un verbe qui se conjugue avec des noms animés parle Les lecteurs assistent à la transformation de la lampe ; elle a pris une couleur De même, il y a une humanisation de la vérité qui est morte/ froide/ vivante v 1O Cette juxtaposition oxymorique rend compte de l'éclatement du texte. [...]
[...] La vérité poétique de Du Bouchet est-elle alors destruction ? Certes, il construit un discours en archipel, isolé, creusé par le blanc. La vérité poétique pour Du Bouchet serait alors la destruction comme l'image giacomettienne de l'homme qui marche. Néanmoins, le poète construit l'agrammaticalité du poème. Par exemple, le groupe syntaxique sur de refleurir est séparé des autres mots, mais ne l'est pas par hasard ; le terme refleurir peut symboliser une renaissance, une reconstruction ce qui justifierait sa place c'est-à-dire en haut de la page, place de mise en relief. [...]
[...] Le lecteur ne peut pas tenir le texte. La poésie du Relief est donc délibérément pauvre, mais elle cherche à regagner en profondeur ce qu'elle a refusé. Le poème relief a une fonction métadiscursive puisqu'il parle de lui : l'auteur dresse une mise en relief de son écriture. Comme son écriture est définie par une multiplicité de choix que doivent faire les lecteurs, nous pouvons nous demander si la poésie de Du Bouchet n'est pas plutôt une poésie à éprouver qu'une poésie à élucider. [...]
[...] Il y a comme une opacité du réel : que veut dire le texte ? Le lecteur doit opérer des choix. Par exemple au vers 21 nous ne savons pas si nature vivante qualifie le terme lumière ou écorce Le relief est composé de mots, de blancs et de plusieurs sens. Ce poème est donc une peinture fragmentaire et difficile de mots. Cette peinture va-t-elle alors engendrer des accidents ? Ce texte est tout d'abord marqué par deux grandes quêtes. [...]