Balzac, le Père Goriot - publié le 06/02/2007

Extraits

[...] Et celui de la paternité qu'exerce Vautrin sur Rastignac. Cette dernière paternité s'oppose à l'autre dans le sens où elle est essentiellement morale alors que l'autre est charnelle (Goriot ne pense qu'au bien-être de ses filles). Vautrin offre un enseignement que seul un père est normalement habilité à donner : il permet à Rastignac de mieux appréhender la société dans laquelle il évolue, le Paris du XIXe. La paternité est d'ailleurs l'une des constantes de l'œuvre balzacienne au sens large et ce thème récurrent apparaît tout au long de la carrière de l'écrivain. [...]

[...] Les valeurs de la chevalerie (honneur, courage, courtoisie, charité), qui perduraient dans le XVIIIe mourant, ont définitivement cédé le pas au dieu-argent. L'argent, c'est la vie. Monnaie fait tout lâche Goriot. Et gardons- nous d'oublier que le XIXe siècle est, pour la France, celui des deux premières révolutions industrielles, celui du grand capitalisme. Un capitalisme sauvage qui, pas plus que l'ordre de l'Ancien Régime, ne pouvait a priori favoriser un rétrécissement du fossé social. Or la question sociale est au cœur du roman. Pour que les uns s'enrichissent, il faut nécessairement que les autres s'appauvrissent, semble nous dire Balzac. [...]

[...] Molino, Qu'est-ce que le roman historique ? Revue des sciences humaines, mars-juin 1975, p P. Barbéris, Le Père Goriot de Balzac, Larousse pp. 19-22 Jean de La Fontaine, Fables, VII Les Animaux malades de la peste Le Père Goriot, texte présenté, établi et annoté par Rose Fortassier, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, La Comédie humaine , vol. III p.18 M. Bardèche, Balzac romancier, Plon pp. [...]

[...] Ses nombreux personnages, Balzac les a connus. Toute sa vie durant, il fréquenta les salons et mena une vie mondaine, dont on a maints témoignages par ses contemporains. Plusieurs dédicaces de La Comédie humaine, des années 1840, mériteraient une étude centrée sur la notoriété des dédicataires. Entre cet autre Balzac et le romancier, il n'y a donc pas de rupture. Car son expérience des gens du monde et des grands de ce monde, il l'a reversée dans ses romans, qui en sont tous profondément nourris. [...]

[...] Les personnages du Père Goriot, à l'image des Français, doivent donc progressivement apprendre à se passer des repères qui les ont définis, eux et leurs ancêtres, plusieurs siècles durant, inaugurant une phase transitoire où le mouvement social, progression ou régression, devient tout d'un coup plus aisé. Ce mouvement social, c'est la substance même du livre de Balzac, ce qui alimente les mécanismes de l'intrigue et permet que l'histoire s'écrive d'elle-même, sans artifice, conformément à la réalité. Sans artifice ? Donc sans effort ? Pas vraiment. [...]