Les Mémoires d'Hadrien - Marguerite Yourcenar (1951) - publié le 16/12/2019

Extraits

[...] De la permanence de l'âme à laquelle Hadrien ne veut pas croire malgré les chamans indiens et les monothéistes juifs chrétiens a un sentiment de fusion avec un grand tout qu'il ressent alors qu'il contemple la beauté des étoiles du ciel syrien. Une réflexion humaine que l'on retire de la paix que l'on obtient en acceptant l'inévitable. III. Pourquoi avoir choisi d'écrire les mémoires de l'empereur et non un essai historique ? Le mémoire se distingue du roman sur plusieurs points. Ce style est un savant mélange entre intérieur et extérieur. [...]

[...] C'est une fusion complète avec un personnage historique qui a demandé un travail titanesque pour pouvoir se permettre de parler ainsi en son nom. C'est ce qui fit dire à certains qu'au travers d'Hadrien Yourcenar parle un peu aussi de son époque et d'elle-même. Le roman est subjectif, il n'est pas lié par le devoir d'objectivité (dans la mesure du possible). Par la figure d'Hadrien, Yourcenar désire présenter l'image d'un chef d'État exemplaire : « Sortant moi-même des années de guerre, j'ai voulu présenter l'image d'un chef d'État intelligent, pacificateur et reconstructeur ». [...]

[...] Autre force comparée à la biographie : les mémoires sont une forme littéraire. Ce qui permet à Yourcenar d'utiliser une langue très écrite, classique, une langue antique en quelque sorte. Elle parvient ainsi à mélanger la poésie avec l'érudition et la philosophie. Un langage qui permet de mêler les faits aux pensées, une forme qui autorise Marguerite Yourcenar à écrire comme un empereur romain. On dit de Yourcenar qu'elle était une écrivaine néo-classique. Elle a réussi à moderniser ces époques où l'on cherchait dans l'Antiquité l'inspiration du fond comme de la forme. [...]

[...] Elle montre alors comment Hadrien agit, elle sculpte une statue de marbre de l'empereur, d'un modèle d'Homme d'État éclaire. Mais dans la deuxième partie, cela semble changer, on assiste à une série d'échecs qui commencent par la révolte de Jérusalem en Palestine où l'empereur Hadrien tellement pacifiste en arrive à ordonner le massacre des juifs, montrant ainsi une impuissance face à la fatalité. « Si seize ans de règne d'un rince passionnément pacifique aboutissaient à la campagne de Palestine, les chances de paix du monde s'avéraient médiocre dans l'avenir » lui fait penser Marguerite Yourcenar avec le recul sur la Seconde Guerre mondiale. [...]

[...] Les Mémoires d'Hadrien – Marguerite Yourcenar (1951) I. Autobiographie fictive où Yourcenar décide de se centrer dans la peau d'Hadrien pour écrire ses souvenirs et son héritage C'est évidemment un roman historique : un roman qui décrit l'âge d'or de l'Empire romain, le IIe siècle. On va donc traverser tous les passages importants de la vie d'Hadrien ainsi que tous les hommes importants (philosophes, hommes d'État, artistes ) Elle plonge son roman dans une érudition incroyable, derrière chaque phrase se cache une pléthore de détails historiques. [...]