La question centrale de l'autorité est sa légitimité. S'il y a aujourd'hui crise de l'autorité, c'est avant tout une crise de la légitimité: les fondements traditionnels de l'autorité entrent en contradiction avec les valeurs de notre société, et l'autorité toute entière apparaît donc comme dépassée. Mais si ce ne sont que ses fondements qui sont en cause, ne peut-on les réinventer dans le cadre démocratique? Dans quelle mesure pourra-t-on alors encore parler d'autorité?
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Sommaire de l'exposé
La crise de l'autorité est une crise de la légitimité
L'autorité est une hiérarchie dont chacun reconnaît la justesse et la légitimité (Hannah Arendt)
Les formes traditionnelles de l'autorité se fondent sur des principes d'inégalité et de séparation
D'où leur remise en cause dans un cadre démocratique et libéral
L'autorité peut-elle être démocratique?
Dans une démocratie, l'autorité reste une protectrice de la liberté
Refonder l'autorité par le contrat ?
Autorité et ordre
Extraits de l'exposé
[...] L'autorité est-elle à bannir? Introduction Notre société n'est plus à l'aise avec la notion d'autorité. Elle n'a pas disparue, mais ses structures traditionnelles (école, famille, Etat) sont régulièrement décrites comme "en perte d'autorité". "Rétablir l'autorité" devient le leitmotiv un peu vain des politiques face à l'incivilité et à la violence. Exercer l'autorité devient presque un fardeau. Dans l'éducation notamment, on assiste à un renvoi permanent entre l'école et la famille: chacune accuse l'autre de ne pas exercer d'autorité sur les enfants, comme s'il s'agissait d'une tâche que les deux voulaient éviter à tout prix. [...]
[...] manifestations lycéennes dont on disait qu'elles exprimaient un besoin d'autorité. Refonder l'autorité par le contrat ? Il s'agirait donc de trouver un modèle démocratique d'autorité. De plus en plus, l'autorité traditionnelle a fait place à la négociation et la discussion: dans la famille par exemple, mais aussi dans l'école, qui sont devenues des lieux de discussion. Il y a moins l'idée d'inégalité et d'obéissance légitime (mais imposée), mais plutôt d'égalité entre les contractants, qui tous deux sont appelés à faire usage de la raison. [...]
[...] II) L'autorité peut-elle être démocratique? Dans une démocratie, l'autorité reste une protectrice de la liberté Autorité et démocratie ne sont tout d'abord pas des notions qui se contredisent radicalement: il faut ici rappeler la distinction entre autorité et pouvoir: l'autorité légitime l'usage d'un pouvoir. La suppression de l'autorité ne signifierait en ce sens pas la suppression du pouvoir, mais au contraire la multiplication des pouvoirs illégitimes et abusifs. Pour Hannah Arendt, le totalitarisme s'est ainsi développé grâce à l'affaiblissement des autorités traditionnelles. [...]
[...] Elle se fonde sur un principe d'inégalité et de séparation entre celui qui exerce l'autorité et celui qui la subie. Elle suppose en fait l'imperfection de celui qui subit, et sa mise en conformité selon des modèles qui le précèdent et le dépassent. D'où leur remise en cause dans un cadre démocratique et libéral A la lumière des valeurs de la démocratie libérale, fondées sur les principes d'égalité entre individus, de réalisation individuelle, mais aussi sur l'exercice de la raison, la conception traditionnelle de l'autorité perd les fondements de sa légitimité. [...]