L'adoption le 11 mai 2010 par l'Assemblée nationale française du projet de loi sur l'environnement surnommé "Grenelle 2" n'est qu'une des répercussions quotidiennes que l'enjeu environnemental connait aujourd'hui dans l'actualité. Pluriforme et évolutif, s'il n'est pas nouveau il connait à l'époque contemporaine une ampleur sans précédent.
Cela est dû à son incarnation qui a gagné en pouvoir et en détermination au cours des dernières décennies, revêtant l'appellation englobante de Nouveau Mouvement Social (NMS). De mouvements dispersés, "l'écologisme" s'est peu à peu érigé en dogme dérivant d'une préoccupation mère : le souci de protection de la nature. Arguant que notre schéma de développement actuel laisse une empreinte écologique abusive, leurs thèmes de prédilection vont du nucléaire à la pollution, réchauffement de la planète ou l'épuisement des ressources naturelles.
Le concept de NMS, théorisé par Alain Touraine, fait lui suite aux mouvements sociaux issus de mai 68 (environnementalistes, féministes,…) et traite d'une nouvelle forme de militantisme concomitante aux « nouveaux modes d'existence» théorisés par Deleuze.
Sous quelles influences les mouvements environnementaux ont pu revêtir l'appellation de NMS puis dans une certaine mesure s'en délester ? La contestation est-elle à la base de son existence ou n'existe-t-il pas des mécanismes plus profonds, reposant sur un réflexe de défense identitaire ? La vision populaire qui assimile parfois les mouvements environnementalistes à la relève contemporaine de la lutte des classes est-elle légitime ? Mais surtout qu'est ce qui propulse cette catégorie de NMS plutôt qu'une autre au rang qu'il possède aujourd'hui, dépassant en influence nombre de ses semblables ?
[...] Quatrième trimestre 1996. pp. 141-162. Anthony Giddens, La constitution de la société, Paris, PUF John Hannigan, Environmental Sociology : A Social Constructionnist Perspective, New York, Routledge Robert Benford, Frames Disputes Within the Nuclear Desarmament Movement Social Forces Snow, Hunt, Benford, Identity fields : Framing Processes and the Social Construction of Movement Identities”, in Larana, Johnston & Gusfield eds, New Social Movements : From Ideology to Identity, Philadelphia, Temple, University Press Interview d'Alain Lipietz (conseiller général d'Ile-de-France), chargé du programme économique des Verts dans Vendredi Idées p.40 J-G Vaillancourt, Les Verts et la politique Possibles, vol nos p. [...]
[...] Les nouveaux socles culturels ne renient pas la ‘lutte des classes' puisqu'ils reconnaissent leur filiation ou du moins l'influence de ces derniers dans leur émergence. Conflits mondiaux, médiatisation croissante, augmentation de la population et de l'instruction obligatoire, l'éveil à la conscience du monde et à la tolérance ne pouvaient qu'ouvrir la porte à la préoccupation environnementale. La nécessité de mouvements contestataires nait alors conjointement au sentiment que les institutions ne sont pas capables ou pas désireuses- d'adresser ces nouvelles requêtes sociales. [...]
[...] La vision populaire qui assimile parfois les mouvements environnementalistes à la relève contemporaine de la lutte des classes est- elle légitime ? Mais surtout qu'est-ce qui propulse cette catégorie de NMS plutôt qu'une autre au rang qu'il possède aujourd'hui, dépassant en influence nombre de ses semblables ? Dans une perspective historique, il s'agit de définir les facteurs qui ont poussé l'enjeu environnemental à trouver ses défenseurs dans les NMS, au détriment originel d'autres incarnations. Entre nécessité d'opposition et mécanique de défense identitaire, les sous-jacents des NMS sont plus complexes qu'ils ne paraissent et ont pourtant totale souveraineté sur les causes qu'ils soutiennent Cependant, la configuration adoptée par la majorité des NMS s'est heurtée à la limitation de l'espace d'expression ainsi offert. [...]
[...] De fait, l'influence de leur action sur le politique non formel pousse le politique formel à prendre en considération leurs revendications, le tout sans que les NMS aient eu à renier leurs principes fondateurs. Par des enjeux et conflits sociaux à dimension identitaire, ou par d'autres processus sociaux sous-tendant des luttes et des formes de domination, les mouvements sociaux élargissent les frontières du système d'action politique. Ils élargissent les frontières de l'espace public où se traitent les enjeux du développement global des collectivités et ils montrent combien le politique de nos sociétés est en mutation C'est réellement une nouvelle identité d'intervenant social qui est à l'œuvre, forme hybride mélange des classes militantes du passé, des partis écologistes actuels et des individus qui imprègnent passivement leur existence d'une conscience de l'environnement. [...]
[...] P.R Bélanger et J-P. Deslauriers, Mouvements sociaux et renouvellement de la démocratie Nouvelles pratiques sociales vol no p. 21-28 L. Maheu, Les nouveaux mouvements sociaux entre les voies de l'identité et les enjeux du politique in L. Maheu et Sales (dir.), La recomposition du politique : politique et économie, tendences actuelles, (1990) Montréal, Éditions l'Harmattan K. Sandilands : W.K. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture