Homme transformé, homme modifié, implanté?, les champs opératoires de l'homme machine sont vastes, mais qu'en est-il du corps dans tout cela ? Le corps originel deviendrait-il un brouillon que le monde occidental veut aujourd'hui dépasser, oublier ? Le Breton se demande où le corps va dans une société hypratechnologique. Dans son ouvrage il montre comment cette modernité tend à se débarrasser du corps ou du moins à en faire un objet malléable et transformable à volonté, et à en faire oublier ce qui en fait l'irréductibilité, la passivité. Pour cela il explore divers domaines : body art, médecine génétique, et aussi cybernétique
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Sommaire de la fiche de lecture
Présentation de l'auteur
Le corps accessoire
La production pharmacologique de soi
La manufacture d'enfants
Le corps au brouillon des sciences de la vie
Le corps surnuméraire du cyberspace
La cybersexualité ou l'érotisme sans corps
Le corps en trop
Extraits de la fiche de lecture
[...] Le crime parfait. L'avènement puis l'imposition du cyberspace, on passe des atomes aux bits (Negroponte, p.148) dans nos sociétés modernes et futures, se présente comme un lieu où l'esprit a le sentiment de s'affranchir de la prison du corps, du tombeau de la matérialité, et surtout de la contrainte de la chair et de l'identité. Le monde virtuel où évolue l'internaute n'est pas dénué de toute sensibilité ; au contraire il imite, par le corps artificiel et parfait de la machine, tout l'appareil sensoriel de l'ancien corps, il crée de toute pièce une sensibilité sans chair, sans altérité, sans déficit, et plus intense que la société ne peut lui procurer. [...]
[...] Dans la même logique, le corps peut devenir aisément un corps adversaire, qu'il faut transformer. - Surnuméraire : Le corps devient un élément indépendant de l'homme, il devient même un concept de trop. Conclusion L'Adieu au corps est un constat terrible et argumenté de cette volonté implicite de notre monde qui veut transformer et même liquider ce corps brouillon ; il montre par l'analyse comment se bouleverse à grandes enjambées l'univers symbolique qui jusque là construisait la cohérence du monde. [...]
[...] L'autre est écarté au profit de signes de sa présence. Le puritanisme se conjugue au mythe de la santé parfaite. La sexualité sans corps coupe tout risque de contamination ou de rencontre et n'ôte rien au confort de la vie courante. Plus besoin de sortir de chez soi et de se heurter aux aléas de la séduction et de la rencontre. Le corps de l'autre sur le cyberspace est toujours accessible et permet de satisfaire ses désirs à tout instants. [...]
[...] Il semble qu'aujourd'hui la science fiction n'est plus un univers de rêverie mais bel et bien notre contemporain, une projection imaginaire des questions qui hantent nos sociétés. La cybersexualité ou l'érotisme sans corps L'érotisme est une relation de jouissance réciproque au corps d'autrui. Elle implique une confiance mutuelle suffisante pour accepter de se perdre dans l'autre et de vivre avec lui un moment intense d'intimité. Dans le cyberspace, l'abolition du corps permet de dépasser ces gènes et blocages qu'autrui nous imposes. [...]
[...] Il s'attache à distinguer le fait que chaque société produit un savoir particulier sur le corps. Nos conceptions occidentales et actuelles du corps sont un produit de la progression de l'individualisme. Le corps moderne implique une triple rupture : Rupture de l'individu avec lui-même (âme-corps, esprit-corps), rupture avec les autres (individualisme), rupture avec le cosmos, la nature -Passions du risque, (Métailié 1991) où il concentre son analyse sur les "conduites à risques" en s'appuyant notamment sur l'exemple des sports extrêmes, et le comportement des automobilistes. [...]