Olivier Schwartz : Le Monde Privé des Ouvriers

Extraits

[...] Trois strates La période prolétarienne : L'univers des mineurs ; primat du travail, ascétisme dicté par les conditions de vie ; efforts et privations sont intériorisés comme des valeurs, des fondements d'une légitimité. La déprolétarisation possible : passage de la mine à l'usine ; accès aux biens, à la société de consommation se vivent souvent de façon jubilatoire (Mes meubles, ils dansent dans ma tête). Augmentation des inégalités entre ouvriers, segmentation. Déclin de la sociabilité fusionnelle et très participative qui soutenaient la vie à la mine : privatisation des modes de vie, surtout pour les ouvriers en ascension sociale. [...]

[...] Chômage et précarité sont jugés indépassables (implicitement) ; alors on s'organise : stockage, rationalité économique, chasse aux aides fuite : refus du renoncement à la consommation ; consommer est une urgence en réparation des frustrations accumulées. Comportement hostile à l'égard de l'instance répressive (huissier). Ils le veulent d'autant plus mal qu'au temps de la mine, en contrepartie du travail très difficile à la mine, les familles avaient un certain nombre de droits compensatoires : santé . Les liens La conjugalité : apparemment, le couple est fusionnel. [...]

[...] Sociabilité des chômeurs (remarques) Dominique Schnapper insiste sur la valeur centrale du travail dans notre société pour expliquer que le chômage total désintégration " . ) est prédominant. D'autres auteurs pensent que d'autres types de sociabilité, qui se développent en dehors du monde de travail, émergent. Ainsi, la sociabilité communicationnelle éthique discursive " Habermas) : l'importance de la communication en soi, plus que le fond de cette communication, se développe. Il faut ainsi nuancer le sentiment d'isolement, d'enfermement. Les individus se constituent des réseaux de communication (logique communautaire) de plus en plus en dehors du monde du travail. [...]

[...] Les familles fragiles socialement s'impliquent dans la vie de la cité pour sauver leur image sociale menacée (ou à l'inverse deviennent invisibles pour masquer leurs difficultés). En revanche, les familles concentrées sur un objectif de promotion, d'optimisation de la carrière, évitent les contacts avec un voisinage qui les ramènerait symboliquement vers leur état antérieur et qui risquerait de déconcentrer leur effort de promotion sociale. Ces familles disposent-elles de réseaux de sociabilité ailleurs ? NON à part la famille élargie. Elles ne veulent plus de sociabilité ouvrière, mais l'autre type de sociabilité (avec les classes bourgeoises) est inaccessible. [...]

[...] Schwartz (Olivier), Le Monde Privé des Ouvriers Présentation L'auteur a vécu 5 ans dans une cité ouvrière du Nord-Pas de Calais. A partir de ses entretiens répétés avec environ une centaine de familles ouvrières, il a essayé d'en savoir plus sur le monde privé de cette catégorie sociale. Famille ou vie privée ? La famille est une forme sociale forte reposant sur de puissants mécanismes d'intégration. Deux sujétions sont inhérentes à la structure familiale : la production d'un travail domestique et la discipline des désirs individuels, qui conditionnent la stabilité de la construction familiale. [...]