Inégalités sociales et santé mentale : un objet sociologique encore en friche
Résumé du mémoire
La sociologie appliquée à la santé est un champ d'étude encore relativement récent, puisque les premiers travaux s'y rapportant dateraient seulement des années 30. La sociologie classique n'appréhendait au 19ème siècle la santé qu'en tant que domaine de la vie quotidienne et de l'organisation sociale, et dès lors, ne constituait pas un champ d'étude spécifique pour les sociologues. Ce n'est qu'à partir de la fin des années 60 que va vraiment se développer une sociologie faisant du champ médical une problématique particulière, et ceci d'abord en Angleterre (lié à la réforme sociale, menant notamment à l'étude des inégalités et influences sociales, ainsi qu'aux modalités d'accès aux soins) et aux Etats-Unis (initiée en particulier par les travaux de l'Ecole de Chicago ou les analyses de Parsons)
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Sommaire du mémoire
L'approche sociologique de la santé mentale
Bilan des données quantitatives
Les différentes sources disponibles pour appréhender santé mentale et inégalités
Les résultats de quelques enquêtes quantitatives
Bilan des données qualitatives
Critiques, limites des données actuelles
Un problème de définition
Manques de ressources financières et humaines pour la recherche
Problèmes méthodologiques
La question du sens de la causalité maladie mentale- situation sociale
Extraits du mémoire
[...] Le premier volet qui porte sur les représentations de la maladie mentale est terminé. Le deuxième, visant à établir la prévalence des troubles mentaux est en cours. La morbidité psychiatrique est mesurée par un entretien structuré à visée diagnostique, le Mini (version CIM qui recouvre la dépression, la dysthymie, les épisodes maniques, l'agoraphobie avec troubles paniques, la phobie sociale, le trouble obsessionnel compulsif, l'anxiété généralisée, la boulimie, l'anorexie mentale, les troubles liés à une consommation excessive d'alcool et/ou de drogues, les syndromes psychotiques isolés et récurrent, me risque suicidaire et l'insomnie. [...]
[...] Jusqu'à 30 ans, la fréquence du recours spécialisé est identique pour les deux sexes. Passé cet âge, les femmes se tournent plus souvent vers un médecin généraliste alors que les hommes choisissent plutôt des psychiatres ou psychologues. De plus, la part du suivi spécialisé est particulièrement forte pour les enfants, les adolescents et jeunes adultes, puis elle diminue avec l'âge (inférieure à 30% pour les 80 ans et plus). voir graphique 2. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ces disparités : un effet générationnel dans le recours aux spécialistes de la santé mentale, moins consultés par les générations anciennes, ou bien la recherche d'une proximité avec leur médecin de la part des patients les plus âgés dont les difficultés de mobilité sont fréquentes. [...]
[...] Cette enquête a été réalisée auprès d'environ personnes de 18 ans et plus, et s'est déroulée sur différents sites français entre 1999 et 2003. L'outil de repérage utilisé dans le cadre de cette enquête est le MINI et la typologie retenue pour décrire les troubles est celle de la classification internationales des maladies de l'Organisation mondiale de la Santé (CIM 10). Résultats et statistiques - 11% des personnes ont été repérées comme ayant connu un épisode dépressif au cours des deux dernières semaines précédant l'enquête, avec pour d'entre elle un trouble qui peut être considéré comme récurrent. [...]
[...] neurologistes entre cultures (tradition française de psychiatrie vs. allemande ou encore américaine et différences locales dans la définition des maladies, syndromes Face à l'absence de mesures de références ou de critères de validité extérieurs et absolus, deux grands systèmes nosologiques ont été mis en place, avec d'abord la classification internationale des maladies (Cim) de l'OMS, puis le DSM. Depuis 1980, le système diagnostique contemporain le plus répandu au niveau international est le DSM IV (manuel diagnostique et statistique de l'American Psychiatric Association), qui définit les troubles psychiatriques en termes de syndromes, ou de regroupements de symptômes spécifiques, d'une sévérité telle qu'ils produisent un dysfonctionnement ou un effet de détresse dans la vie du malade. [...]
[...] ( II/ BILAN DES DONNEES QUANTITATIVES LES DIFFERENTES SOURCES DISPONIBLES POUR APPREHENDER SANTE MENTALE ET INEGALITES Recueil de données de l'INSERM Parmi les différents laboratoires de l'INSERM, seul deux[2] se consacrent à la santé mentale ou à la psychiatrie en population générale. La plupart des études se situent dans le domaine de l'épidémiologie psychiatrique (risques de troubles y compris le suicide, et conséquences des troubles). Il s'agit souvent d'enquêtes sur des populations spécifiques (femmes enceintes, enfants en milieu scolaire, femmes ayant subi des violences ) En outre, deux chercheurs travaillent sur des enquêtes qualitatives. [...]