A l'heure de l'euro, la politique monétaire menée par l'Union Européenne à travers la Banque Centrale Européenne en est sans doute le meilleur exemple, qui a fait de la stabilité des prix sa priorité, avant l'emploi et la croissance. Quelles sont les limites d'une telle politique ?
Il faut noter que nous envisagerons les enjeux et les limites de la stabilité des prix avant tout sous l'angle de du problème de l'inflation, car la déflation est beaucoup plus rare, et présente beaucoup moins de risque de s'emballer. La déflation néanmoins partage beaucoup des inconvénients de l'inflation en ce qui concerne la déformation du système des prix, les transferts de richesse, etc. (cf. I). Nous étudierons surtout le danger d'une inflation très faible débouchant sur de la déflation, c'est à dire la déflation comme limite d'une politique de stabilité des prix (cf. II.2)...
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Sommaire de l'exposé
Si une certaine stabilité des prix est indispensable à une économie performante...
...et présente toujours le risque de s'emballer, devenant éventuellement hyper-inflation
...cette stabilité ne peut jamais être parfaitement atteinte et ne doit pas être recherchée sans souplesse
Il est impossible et inutile de réduire à néant l'inflation...
...alors que l'inflation modérée présente un certain nombre d'avantages...
...et que la déflation peut être plus dangereuse encore
Extraits de l'exposé
[...] Dans ce cas, ne pourrait-on pas assouplir une politique monétaire trop rigide ? C'est d'ailleurs reconnu par les banquiers centraux eux-mêmes, qui ne visent pas en général une inflation nulle, mais comprise dans une fourchette de 0-2%. Ce qui est certain est que les objectifs d'inflation devraient varier en fonction de la situation et des pays, et que fixer une unique fourchette dans le monde entier, quelle que soit la conjoncture, les fondamentaux du pays, n'est sans doute pas approprié et confine au dogmatisme. [...]
[...] On observe au Japon un phénomène de ce type, accompagnant un marasme qui dure depuis une dizaine d'années. De toute évidence, la déflation entraîne une spirale de report de consommation (on attend des prix plus bas à la période suivante) et une montée des taux réels qui encourage l'épargne- provoquant une contraction de l'activité. Ce point est très discuté, car les exemples de déflation sont trop rares et dans des circonstances trop particulières pour pouvoir en tirer des conclusion pérennes. [...]
[...] A l'heure de l'euro, la politique monétaire menée par l'Union Européenne à travers la Banque Centrale Européenne en est sans doute le meilleur exemple, qui a fait de la stabilité des prix sa priorité, avant l'emploi et la croissance. Quelles sont les limites d'une telle politique ? Il faut noter que nous envisagerons les enjeux et les limites de la stabilité des prix avant tout sous l'angle de du problème de l'inflation, car la déflation est beaucoup plus rare, et présente beaucoup moins de risque de s'emballer. La déflation néanmoins partage beaucoup des inconvénients de l'inflation en ce qui concerne la déformation du système des prix, les transferts de richesse, etc. [...]
[...] Par conséquent, les agents diminuent leurs encaisses monétaires en faisant des allers-retours plus fréquents à la banque, d'où l'expression coûts en chaussures Pendant les périodes d'hyper- inflation, ou si l'inflation était plus faible, les coûts en chaussures peuvent être assez forts. Les entreprises subissent également des coûts techniques du fait de la valse des étiquettes (recalculer les prix, les marges, imprimer de nouveaux catalogues Enfin, l'inflation crée des transferts de richesse involontaires, dont les conséquences ne sont souvent pas souhaitables, à défaut d'être souhaitées. Tout ceux dont le revenu nominal ne présente pas de corrélation avec l'inflation voient leur revenu réel diminuer. [...]
[...] Il s'agit sans doute là de son aspect le plus menaçant. En effet, on ne sait jamais si un mouvement inflationniste n'est pas susceptible de s'emballer, quelle que soit l'origine et la force initiale de ce mouvement. Le rôle des anticipations est évidemment fondamental dans ce dangereux auto- entretien. Elles conduisent les salariés à prévenir une perte du pouvoir d'achat et les entreprises à élever leur prix afin de se prémunir contre une réduction de leur marges. La boucle prix-salaire conduit alors à une spirale inflationniste qu'il est très difficile de freiner (à la suite des accords de Grenelle en 1968 prévoyant un revalorisation salariale, l'inflation avait triplé en un an passant de à plus de A partir d'un certain niveau, l'inflation peut dégénérer en hyper- inflation et déséquilibrer gravement l'économie, tel que cela a pu se produire en Allemagne dans les années 20 (les célèbre photographies de brouettes remplies de billets devenus quasiment sans valeur pour les achats de la vie courante), ou plus récemment dans un certain nombre de pays en voie de développement tel que le Brésil. [...]