Le libre-échange permet-il de réduire les inégalités de développement ? (2007)
Résumé de l'exposé
Jusqu'au XVIIème siècle, les mercantilistes parlaient du libre-échange comme un jeu à somme nulle, c'est-à-dire que les économies nationales importaient ce qu'elles ne produisaient pas au prix le plus bas et exportaient leur production au prix le plus élevés. Il a fallu attendre, la fin du XVIIIème siècle, le début de la Révolution industrielle au Royaume-Uni, pour connaître, avec les théories classiques, les vertus du libre-échange, considéré par ceux-ci comme un jeu à somme positive, c'est-à-dire que chacun des pays y gagne. Selon la théorie ricardienne des avantages comparatifs, une économie a intérêt à se spécialiser dans la production où elle a le plus grand avantage ou le plus faible désavantage. Cette théorie vieille pourtant d'un siècle encadre les échanges depuis 1947. Ainsi le libre-échange se manifeste par la baisse des barrières tarifaires et l'interdiction des barrières non tarifaires, instaurés par l'Accord Général sur les Tarifs Douaniers et le Commerce (GATT) de 1947. Aujourd'hui le libre-échange qui s'inspire de théorie libérale est mis en avant dans la plupart des pays, développés ou pas. Pourtant, dans certains pays, le libre-échange est source d'effets pervers notamment en termes de développement. Dans quelle mesure le libre-échange permet-il la réduction des inégalités de développement entre pays développés à économie de marché (PDEM) et pays en développement (PED). Selon François Perroux, le développement, essentiellement qualitatif, désigne la combinaison des changements sociaux et mentaux d'une population, qui la rende apte à faire croître cumulativement et durablement son produit global réel. On le mesure par l'indicateur de développement humaine (IDH), c'est un indicateur composite qui prend en compte le niveau de vie (PIB par habitant), la durée de vie (espérance de vie) et le niveau d'instruction (taux d'alphabétisation). Afin de répondre au problème posé, nous verrons, dans une première partie, que le libre-échange permet de réduire les inégalités de développement entre pays du Nord et pays du Sud. Puis dans un second temps, nous montrerons les limites et les conditions de cette corrélation.
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Sommaire de l'exposé
Le libre-échange permet de réduire les inégalités de développement entre pays du Nord et pays du Sud
Les limites et les conditions de cette corrélation
Extraits de l'exposé
[...] Le libre-échange permet-il de réduire les inégalités de développement ? Jusqu'au XVIIe siècle, les mercantilistes parlaient du libre- échange comme un jeu à somme nulle, c'est-à-dire que les économies nationales importaient ce qu'elles ne produisaient pas au prix le plus bas et exportaient leur production au prix le plus élevé. Il a fallu attendre la fin du XVIIIe siècle, le début de la Révolution industrielle au Royaume- Uni, pour connaître, avec les théories classiques, les vertus du libre- échange, considéré par ceux-ci comme un jeu à somme positive, c'est-à-dire que chacun des pays y gagne. [...]
[...] Le libre-échange permet aussi une augmentation des débouchés. Les entreprises nationales produisent pour leur pays mais aussi pour le reste du monde. Elles investissent donc pour augmenter la taille de l'entreprise. En répartissant les coûts sur toutes les unités produites, on arrive à une baisse des coûts unitaires qui au final permet de stimuler la croissance. Les exportations sont des flux réels qui engendrent des flux monétaires. Les devises qui reviennent à l'exportateur sont ensuite redistribuées et ça entraîne, selon le schéma keynésien, une augmentation de la demande et donc de la croissance et de l'emploi. [...]
[...] L'entreprise peut choisir de baisser ses prix. Dans ce cas, si la demande est élastique (forte élasticité prix), la consommation intérieure et les exportations vont augmenter. D'après la loi d'Engel, la structure de la consommation va évoluer et va entraîner une demande de produit, c'est la croissance. Il faut souligner que cette baisse va permettre aux PMA d'accéder à la consommation. L'augmentation des salaires est un choix possible et qui entraînera les mêmes mécanismes que la baisse des prix. Cette fois, il faut que l'élasticité revenu soit forte. [...]
[...] On est loin du développement Pour finir, il faut dire que parfois la croissance (qui est, selon François Perroux, l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d'un indicateur de dimension : pour une nation son produit global net en termes réels) n'entraîne pas le développement. C'est le cas par exemple des pays pétroliers : la richesse est accaparée par une minorité. Le processus de développement ne s'amorce donc pas. En conclusion, on peut dire que la réduction espérée des inégalités de développement à travers le libre-échange n'est peut-être qu'illusoire. Toutes les spécialisations que supporte le libre-échange ne se valent pas. [...]