Quelles frontières pour l'Union européenne ?

Extraits de l'exposé

[...] Vers un système conciliant plusieurs niveaux d'intégration ? La construction européenne, mise en marche à partir du traité de Paris en 1951, a d'emblée impliqué l'identité des droits et des obligations de ses Etats-membres. Ceci, même si au sein du Conseil des ministres ou du Parlement il est tenu compte, dans la pondération des votes ou la répartition des sièges, de la taille et du poids des Etats. Pourtant, l'entrée de nouveau membres (surtout du Royaume-Uni en 1973, puis des pays méditerranéens dans les années 1980) a amené les notions nouvelles d'"Europe à plusieurs vitesses"(selon le mot de Willy Brandt), ou d'"Europe à géométrie variable (Jean-François Deniau). [...]

[...] Ainsi, en décembre 1997, le Conseil européen de Luxembourg a sélectionné une vague de six Etats (Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovénie, Estonie et Chypre) pour lesquels des négociations concernant leur future adhésion se sont ouvertes le 10 novembre 1998 à Bruxelles. Dans le même temps, une stratégie de pré-adhésion a été établie pour les autres. Or, si depuis la dissolution de l'Empire soviétique, les gouvernements des pays candidats font tout pour accélérer leur intégration, il est cependant important de souligner que les opinions publiques locales hésitent elles entre indifférence, soutien diffus et opposition. Néanmoins, l'adhésion des pays retenus pourrait intervenir en 2005-2006. [...]

[...] En effet, les futurs élargissements requièrent-ils de simples réaménagements du contrat européen, ou exigent-ils, par leur ampleur, une véritable remise à plat, une "refondation" de l'Union européenne? La question reste posée et c'est d'ailleurs pour tenter d'y répondre que le 15 février 2000, c'est ouvert la Conférence intergouvernementale (CIG) chargée de la négociation de la nouvelle réforme institutionnelle. Et dans dix mois (à Nice), les chefs d'Etat et de gouvernement des Quinze, réunis sous la présidence française, devraient arrêter des aménagements indispensables pour éviter la paralysie des mécanismes institutionnels qui pourrait résulter de l'élargissement. [...]

[...] Si elle n'y parvient pas, l'Union sera vouée à devenir une forteresse assiégée par la pauvreté et le fanatisme. Pour vivre en paix, il lui faut donc parvenir à intégrer sa périphérie au sein du système désormais mondial des échanges. En clair, le centre riche qu'est l'Union doit être capable d'absorber ses marges moins avancées. Une dynamique de prospérité et de paix entre la structure européenne et sa périphérie (aussi bien l'Est que la zone méditerranéenne) semble ainsi être véritablement une nécessité. [...]

[...] On pense bien évidemment à l'espace Schengen, mais le domaine le plus frappant reste sans nul doute celui de la monnaie. Ainsi l'Euro se fait-il à onze et non à quinze, le Royaume-Uni, le Danemark et la Suède réservant leur participation, la Grèce restant elle très loin des critères de Maastricht. On s'en rend donc compte, le grand débat autour des frontières futures de l'Union européenne est avant tout institutionnel. Et plus encore que la nécessaire adaptation des structures à un élargissement prochain, c'est bien le but assigné à cette union qui doit désormais être défini. [...]