La Politique étrangère et de sécurité commune : bilan et perspectives
Résumé de l'exposé
Depuis le début des années 90, l'achèvement du Marché unique et la réalisation de l'Union économique et monétaire posent avec une acuité encore accrue la question de la Politique Etrangère et de Sécurité Commune (PESC) de l'Union européenne.
Instaurée par le traité de Maastricht et renforcée par le traité d'Amsterdam, la PESC a été conçue comme un instrument souple de coordination de la politique étrangère au niveau européen. Son caractère intergouvernemental assure le respect de la souveraineté des Etats tout en permettant l'émergence d'une diplomatie et d'une défense commune. Mais cette flexibilité de la coopération intergouvernementale a rapidement rencontré des limites.
Au cours des dernières années les conflits en Afrique, dans les Balkans ou au Moyen-Orient ont montré les faiblesses de la PESC en matière de prévision et de règlement des crises internationales. De surcroît, l'Union européenne se montre encore incapable de bâtir une politique étrangère cohérente lui permettant de peser sur la scène internationale et d'assurer les moyens de sa sécurité. Cette faiblesse politique et diplomatique de l'Union tranche avec sa puissance économique et son rôle de premier bailleur de fonds dans l'ensemble du monde, notamment dans des zones instables.
Dix ans après Maastricht et moins de cinq ans après le traité d'Amsterdam, il peut sembler pertinent dès lors, de dresser un état des lieux de la politique étrangère de l'Union européenne. Une telle analyse conduit à s'interroger sur les avantages et les faiblesses de ce mécanisme intergouvernemental à travers l'analyse de son fonctionnement. Elle permet également de déceler les évolutions attendues en ce domaine dans les années à venir et de mettre en exergue les moyens nécessaires pour donner enfin à la politique étrangère européenne une lisibilité et une réalité.
La PESC, en tant qu'instrument européen de coopération intergouvernementale a obtenu des résultats contrastés (I) mais reste confrontée, en dépit de résultats récents, à un problème institutionnel et à des obstacles politiques qui rendent nécessaires une réforme d'envergure (II).
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Sommaire de l'exposé
La PESC, un instrument européen de coopération intergouvernementale aux résultats contrastés
La PESC, un instrument de coopération intergouvernementale
Les résultats contrastés de la Politique étrangère et de sécurité commune
En dépit de résultats récents, la PESC est confrontée à un problème institutionnel et à des obstacles politiques qui rendent nécessaires une réforme d'envergure
Les résultats de la PESC en matière de défense et de sécurité
Les blocages institutionnels et politiques rendent nécessaire une réforme d'envergure
Extraits de l'exposé
[...] La politique étrangère ne se décrète pas. Sans remonter jusqu'au mot de Napoléon, "la politique d'un État est dans sa géographie", il est clair que la politique étrangère est le résultat d'invariants stratégiques, géographiques et historiques au moins autant que de données et de volonté politique. Il n'est pas en soi surprenant qu'une politique étrangère européenne tarde à émerger vu les divergences, voire les oppositions d'intérêts qui existent en Europe. Il y a ainsi une concurrence entre l'Allemagne et la France en Europe centrale et orientale comme en témoigne la bataille actuellement remportée par l'Allemagne pour la seconde langue, notamment en Pologne, en Roumanie et en Hongrie. [...]
[...] C'est également dans le cadre de la PESC qu'a été évoquée pour la première fois en 1995 l'idée d'un accord avec l'Alliance atlantique. La politique euro-méditerranéenne La conférence de Barcelone de novembre 1995, organisant un partenariat entre douze pays tiers méditerranéens et l'Union européenne constitue également un axe fort de sa politique extérieure. Cet accord propose un plan de développement global comportant trois volets, politique, économique et culturel. L'action humanitaire et l'aide au développement L'action humanitaire mise en ?uvre par la Commission correspond environ, à elle seule, à de l'effort mondial. [...]
[...] C'est en définitive la diplomatie américaine qui impose la fin du conflit, au cours de l'été 1995, grâce aux initiatives de Richard Holbrooke. C'est surtout dans la gestion militaire du conflit que les performances européennes sont médiocres : aucune contribution en matière de forces terrestres n'est venue de l'UEO. Les apports de troupes au sein de la Forpronu ont été effectués à titre national, essentiellement par la France, la Grande-Bretagne et l'Espagne. Les opérations aériennes ont été conduites par l'OTAN sous commandement américain. Diverses raisons peuvent expliquer l'absence européenne dans la crise bosniaque. [...]
[...] La PESC, en tant qu'instrument européen de coopération intergouvernementale a obtenu des résultats contrastés mais reste confrontée, en dépit de résultats récents, à un problème institutionnel et à des obstacles politiques qui rendent nécessaires une réforme d'envergure (II). I. La PESC, un instrument européen de coopération intergouvernementale aux résultats contrastés A. La PESC, un instrument de coopération intergouvernementale 1. De la coopération politique à la PESC: l'émergence d'une diplomatie concertée La construction d'une politique étrangère et de sécurité commune (PESC) ne s'est pas faite ex-nihilo. Les contours de la PESC ont été pour une large part dessinés par la coopération politique européenne (CPE) et près de vingt années de pratique d'une diplomatie concertée. [...]
[...] Les progrès futurs de la PESC dépendront donc de facteurs qui lui sont largement extérieurs. Il en va des réformes institutionnelles qui si elles sont profondes faciliteront grandement l'affirmation de la PESC. La réalisation de l'Union économique et monétaire constitue en réalité l'enjeu majeur pour la réalisation de l'Union politique. Un échec ne manquerait pas de provoquer la délitescence progressive de la PESC, privée peu à peu de son contenu, et impliquerait de facto le repli vers des stratégies nationales. [...]