Les pays de l'ancien bloc communiste en Europe de l'Est ont vécu tous, à des degrés divers, une résurgence (mais avait-il vraiment disparu ?) du nationalisme après l'effondrement du système communiste. Pour beaucoup cela a pu ressembler à un 'moment de respiration nationale' selon Pierre Hassner, de prise de conscience d'une identité et d'une souveraineté conquises ou retrouvées avant une seconde étape qui serait l'intégration européenne. Pour d'autres, on peut penser en particulier à l'ex-Yougoslavie, le nationalisme a exacerbé les tensions entre ?ethnies' jusqu'à les conduire à un point de non-retour. Il semble par conséquent intéressant de tenter dans un premier temps une définition de ce nationalisme est-européen, pour rappeler ensuite les spécificités essentielles qui différencient chacun de ces pays entre eux sur la question du nationalisme. Enfin nous traiterons de la question des nationalismes dans les républiques ex-yougoslaves
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Sommaire de l'exposé
A la recherche de l'identité perdue
Quelle identité nationale dans les pays d'Europe de l'Est ?
Les précautions à prendre avant toute étude d'un nationalisme est-européen
Toutefois on peut tenter de modéliser deux types de transition à Est, au regard du développement du nationalisme
Le déchaînement des nationalismes dans l'ancienne Yougoslavie
Extraits de l'exposé
[...] Quelle identité nationale dans les pays d'Europe de l'Est ? - Selon Pierre Hassner, les Etats-nations d'Europe centrale et orientale sont plus touchés par les ambiguïtés et par les contradictions universelles liées au développement de la mondialisation, parce que leur héritage et les pressions dont ils sont l'objet sont plus complexes. Leur héritage est à la fois celui d'une tradition nationale et culturelle qui remonte au moins au XIXème siècle et celui, idéologique, des décennies de régime communiste. Les pressions extérieures sont à la fois celle globale de la modernisation économique et culturelle et celle (institutionnelle) des organisations occidentales auxquelles ils aspirent (OTAN ou UE). [...]
[...] - Il semble également que la montée du sentiment nationaliste soit largement lié à l'échec économique et/ou au rejet occidental. Ainsi en Hongrie, le phénomène est modéré et l'extrême-droite nationaliste marginale, tandis qu'en Roumanie, pays qui ne parvient pas à sortir de la crise économique, il existe une forte tradition d'extrême droite et le réflexe identitaire est présent aussi chez les partis au pouvoir. L'impuissance du gouvernement roumain à mener les réformes économiques nécessaires et (jusqu'à peu) les désillusions d'un pays qui sonne en vain à la porte de l'OTAN Et de l'UE entraînent la recherche de boucs émissaires et réveille une tendance à considérer le peuple roumain comme une éternelle victime. [...]
[...] Chez tous le sentiment national repose sur une identité culturelle, linguistique ou religieuse. Dans de nombreux pays, les peuples ont une conscience nationale irrédentiste de naissance : ils rêvent de faire coïncider leurs frontières étatiques avec leur nation (cf. projets de Grande Serbie, d'une Grande Bulgarie, etc.). Un autre danger tient à ce que les pays de l'Est ont adopté la conception ?allemande' (communautaire) de la nation et la conception ?française' (centralisatrice) de l'Etat (et non un Etat fédéral). B. [...]
[...] - Le troisième facteur est d'ordre ethnique. Alors que la Pologne, la Hongrie et la République Tchèque sont relativement homogènes d'un point de vue ethnique, des minorités importantes sont présentes en Slovaquie, Bulgarie et Roumanie, donnant un terreau favorable aux ?néo-communistes' pour employer une politique ?nationalo-ethnique'. L'existence ou non d'une correspondance entre frontières politiques et frontières ethniques est décisive pour expliquer le développement du nationalisme. Ainsi la Hongrie est assez homogène d'un point de vue ethnique (les minorités les plus importantes sont romes et allemandes, représentant chacune moins de de la population). [...]
[...] Or il faut rappeler que l'identification nationale est une identification subjective, que ce phénomène est dynamique (les théories du gel communiste ne pouvant pas rendre compte de ces changements). II. L'Europe de l'Est n'est pas un bloc A. Il existe une très forte différenciation entre pays - Il existe une gradation en intensité entre les différents nationalismes existant dans les pays d'Europe de l'Est. Ainsi si le drame yougoslave a montré à quel point les liens ethniques étaient plus forts que les contraintes juridiques ou morales, il semble probable qu'aucun conflit n'atteindra à moyen terme cette intensité dans la région. [...]