La dissuasion nucléaire a-t-elle un sens dans le monde de l'après guerre froide ?
Résumé de l'exposé
Depuis 1989 et l'écroulement du bloc soviétique, la dissuasion nucléaire est entrée dans ce qu'on a pu appeler «l'ère du vide». Conçue au départ contre les Japonais, l'arme nucléaire et la doctrine de dissuasion se sont légitimées, dans les deux blocs, par le combat contre un ennemi unique, l'Union soviétique pour les États-Unis, les États-Unis pour l'Union soviétique. Maintenant que l'affrontement bloc contre bloc n'a plus lieu d'être, l'arme atomique a perdu son adversaire et sa légitimité a été remise en cause, y compris parmi les état-majors. Deux critiques essentielles sont formulées : d'un point de vue pragmatique, l'inefficacité de l'arme nucléaire à faire face aux nouveaux types de risque dans un contexte géopolitique instable, et d'un point de vue moral, le caractère indéfendable désormais de moyens de destruction totale. De fait il existe actuellement un vide de la doctrine en ce qui concerne l'avenir de la dissuasion. Il est vrai que désormais il faut distinguer plus nettement la dissuasion de la prévention des conflits, dont la dissuasion n'est plus qu'un volet.
Si la fin de la guerre froide a conduit à une remise en question de la dissuasion nucléaire, l'imprévisibilité des relations internationales exclut pourtant son renoncement, voire appelle à son renforcement.
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Sommaire de l'exposé
La fin de la guerre froide a conduit à une remise en question de la dissuasion nucléaire
La dissuasion pendant la guerre froide
La remise en cause du principe
Toutefois l'imprévisibilité des relations internationales exclut son renoncement, mais appelle à une redéfinition
La dissuasion reste nécessaire
Un renouveau de la doctrine
Extraits de l'exposé
[...] Washington D.C: National Academy Press «Post Cold War Nuclear Strategy Model», INSS Occasional Papers, juillet 1998. Betts, Richard K. «The Concept of Deterrence in the Post War Security Studies, automne 1991. Debouzy, Olivier. dissuasion nucléaire à l'ère du vide», Politique étrangère, aut p.321-334. Garcin, Thierry. «Les avatars de la dissuasion», Défense nationale, janvier 1996, p.35-44. [...]
[...] Pendant 50 ans, le caractère protecteur de la dissuasion a paru suffisamment crédible pour les populations l'acceptent. À présent seul son caractère immoral est manifeste. Cependant ce sont les facteurs même qui à court terme semblent plaider en faveur de la fin de la dissuasion ou au moins de la réduction forte des armements nucléaires, qui montrent le caractère encore indispensable de la dissuasion. Le problème n'est donc pas tant la dissuasion elle-même, que les militaires et les hommes politiques redéfinissent, mais le fait que la notion de dissuasion reste encore une notion occidentale qui n'est pas partagée par les nouveaux proliférants ni par les proliférants éventuels, notamment en Asie. [...]
[...] Non seulement la dissuasion nucléaire est inadaptée (le fait que la France soit nucléaire ne dissuade absolument pas les terroristes d'aller poser des bombes dans le RER) mais elle engendre elle-même des risques : c'est la prolifération, qu'elle soit horizontale ou verticale. Même si l'état actuel de la prolifération est moins inquiétant que ce que les analyses alarmistes des années 1980 avaient laissé prévoir, la prolifération, est un rique majeur que le délabrement des arsenaux nucléaires soviétiques amplifie La dissuasion immorale Le caractère moralement peu défendable de l'arme nucléaire s'est renforcé avec la fin de la guerre froide : le risque élevé de destruction mutuelle assurée (MAD en anglais . [...]
[...] Joseph, Robert G., et Reichart, John F. «The Case for Nuclear Deterrence Today», Orbis, hiver 1998, vol.42, n 1. Slocombe, Walter. dissuasion nucléaire a-t-elle encore un rôle à jouer Revue de l'OTAN, nov.-déc vol p.23-26. Tertrais, Bruno. L'arme nucléaire après la guerre froide Economica Zadra, Roberto. «L'intégration européenne et la dissuasion nucléaire après la guerre froide», Cahiers de Chaillot nov.92. [...]
[...] ) et ne pas avoir de nucléaire ne signifie pas qu'on en recevra pas. Il en va de même pour la doctrine du no first use no first use, à savoir l'engagement de ne pas tirer en premier, qui se veut une déclaration de bon voisinage, mais qui est un non-sens stratégique, puisque le principe de la dissuasion c'est que personne ne sait de l'État est capable avec ses moyens nucléaires, et qu'on a donc intérêt à le laisser tranquille. [...]