Les relations entre la Chine et l'Afrique: un premier pas vers une nouvelle polarité du monde ?
Résumé de l'exposé
Le continent africain a, depuis longtemps déjà, cristallisé les ambitions rivales des puissances de ce monde. Déjà du temps amer de la traite négrière, les diverses puissances maritimes se disputaient les parts de ce qui constituait la source de main d'oeuvre de leurs plantations du Nouveau Monde. Puis, ce furent les territoires africains et leurs ressources que les puissances européennes se partagèrent pendant la période coloniale. Ensuite, durant la guerre froide, l'Afrique fut le théâtre des rivalités entre Américains et Soviétiques, qui cherchaient les uns et les autres à étendre leur zone d'influence idéologique parmi les nouveaux états indépendants ou même parmi ceux qui étaient en passe de le devenir. Maintenant, même si les forces en présence sont moins clairement définies, on assiste encore à un mélange compliqué d'influences : américaine, post-coloniales et même « post-Tiers-Mondistes ». En effet, c'est au nom d'une soi-disant communauté de destins historiques, au nom de l'appartenance au même monde des ex-colonisés, pauvres et oppressés, que la Chine se présente comme un partenaire privilégié du continent. Ainsi, non contente de représenter une menace économique croissante pour les puissances américaine, européenne et japonaise, la Chine se met aussi à empiéter sur leurs plates-bandes africaines. Si l'Afrique est un miroir des rapports de force entre les « grands » de ce monde, la transformation actuelle des jeux de pouvoir que la Chine y introduit serait-elle le signe d'un rééquilibrage des polarités mondiales ?
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Sommaire de l'exposé
De l'idéalisme engagé à l'opportunisme économique : histoire des relations sino-africaines
L'émergence du Tiers Monde
Du Tiers Monde à l'afro-asiatisme
Les rivalités sino-soviétiques
De la solidarité anti-impérialiste au pragmatisme économique
La stratégie énergétique chinoise
Les raisons de l'intérêt chinois pour l'Afrique
Où et comment la Chine s'approvisionne-t-elle en énergie ?
Les enjeux géopolitiques : une rivalité avec les Etats Unis
La Chine et les Etats-Unis : des intérêts vraiment si divergents ?
Extraits de l'exposé
[...] 3-Le commerce : la Chine bienfaitrice ou menaçante? La Chine est devenue le 3e partenaire commercial de l'Afrique derrière les Etats-Unis, la France et devant le Royaume-Uni. Selon les statistiques officielles, le total des échanges commerciaux sino-africains atteignait en 2003 la valeur de 18,4 milliards de dollars contre 12,39 milliards en 2002. On a assisté à une croissance des flux commerciaux de 700% au cours des années 90. En ce qui concerne les seules importations, elles ont augmenté de 1550% entre 1990 et 2000 où elles atteignent la valeur de 5,4 milliards de dollars. [...]
[...] D'autre part, la titanesque demande chinoise en matières premières offre de nouveaux débouchés pour la production africaine. L'appréciation du cours de certaines matières comme le cuivre et le nickel, et la forte progression de la consommation chinoise (sa consommation d'acier a crû de 20% entre 1992 et 2002 contre une moyenne mondiale de ont joué un rôle certain dans la belle croissance affichée par des pays comme l'Afrique du Sud, le Nigeria ou l'Algérie -Les inquiétudes face au géant chinois Selon M. [...]
[...] En contrepartie, la Chine a accordé au Gabon un don de 2 millions de dollars et un prêt à taux zéro de 6 millions de dollars. De même, lors de son passage en Algérie, de nombreux accords ont été signés, par exemple un contrat de 420 millions de dollars pour le développement d'un gisement au Sahara. Au Congo Brazzaville également, la Chine accroît son influence. Ce pays représente en des importations pétrolières chinoises. La Sinopec y a obtenu en 2005 le droit d'exploitation de deux gisements off-shore. Le Soudan, lui, représente des importations pétrolières chinoises. [...]
[...] Ainsi, en entreprises chinoises sont implantées en Afrique. Bien que les investissements chez ses voisins asiatiques soient traditionnellement privilégiés, la Chine consacre désormais une part quasiment équivalente à ses investissements en Afrique, avec 28,8% des IDE approuvés par le gouvernement destinés à l'Afrique entre 1996 et 2000 contre 31,4% à l'Asie. Ce taux, qui s'élevait à entre 1991 et 1995, s'est accru notamment au détriment de l'Amérique du Nord (dont le taux d'IDE chinois s'y destinant est passé de 45,1% à et de l'Europe dans une moindre mesure. [...]
[...] Le grand perdant reste encore une fois la pauvre Afrique, qui survit pourtant, d'exploitation en exploitation. Bien sûr, si elle parvient à tirer son épingle du jeu en s'arrimant au moteur de développement que pourrait constituer la Chine à son égard, la donne serait alors vraiment modifiée. L'Inde pourrait jouer un rôle crucial dans ce scénario, en proposant à l'Afrique des échanges plus profitables à long terme, comme des transferts de technologie en contrepartie d'un approvisionnement en énergie. Ce serait l'occasion pour l'Inde de concurrencer la Chine sur le terrain de prédilection que constitue pour cette dernière l'Afrique, et d'accroître considérablement son poids sur la scène internationale. [...]