Les affrontements qui ont opposé l'Inde et le Pakistan au Cachemire en 2002 ne sont que les derniers d'une longue série. En effet, si l'intérêt de la communauté internationale pour cette région n'a été renouvelé que récemment, à la suite des essais nucléaires des deux adversaires en mai-juin 1998 et de l'intervention américaine en Afghanistan en réponse aux attentats de 11 septembre, il ne faut pas oublier que les racines du conflit du Cachemire remontent à la fin de l'empire britannique des Indes, il y a plus de cinquante ans.
Si certains éléments permettent d'analyser le problème du Cachemire comme une lutte de libération nationale, ce conflit reste avant tout au coeur de la confrontation indo-pakistanaise (I). Menace pour la stabilité de l'Inde et du Pakistan, mais aussi de la région dans son ensemble, le conflit du Cachemire appelle une résolution rapide, qui pourrait être facilitée par le contexte international actuel (II)...
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Sommaire de l'exposé
Historique
Si certains éléments permettent d'analyser le problème du Cachemire comme une lutte de libération nationale, ce conflit reste avant tout au c'ur de la confrontation indo-pakistanaise
Si certains éléments permettent d'analyser le problème du Cachemire comme une lutte de libération nationale, cette qualification doit être toutefois nuancée
Pomme de discorde entre l'Inde et le Pakistan, le Cachemire représente bien plus qu'un simple conflit territorial : il s'agit d'une lutte où se cristallisent les identités nationales des deux adversaires
Menace pour la stabilité de l'Inde et du Pakistan, mais aussi de la région dans son ensemble, le conflit du Cachemire appelle une résolution rapide, qui pourrait être facilitée par le contexte international actuel
La perspective d'un conflit nucléaire à propos du Cachemire menace l'équilibre de la région
Le danger d'un affrontement à propos du Cachemire est réelle, mais le contexte international actuel pourrait faciliter la recherche de solutions au conflit.
Extraits de l'exposé
[...] La fin des années 90, qui avait pu faire croire à un début de normalisation de la situation (le dialogue entre l'Inde et le Pakistan ayant été restauré, des élections ayant même pu été organisées en 1996 avec un taux de participation de témoignagant de la lassitude de la population), s'est toutefois achevé sur la crise de Kargil de 1999. Cette quatrième guerre indo-pakistanaise a été déclenchée par l'intrusion d'unités pakistanaises du côté indien de la ligne de contrôle, dans la zone stratégique surplombant la route principale qui mène au glacier himalayien de Siachen et qui relie les villes Srinagar et Leh. Des opérations aéro-terrestres indiennes de grande envergure, ainsi que l'intervention des Etats-Unis, ont finalement contraint le Pakistan au retrait. [...]
[...] Il est vrai que les territoires du Nord ont été séparés en deux entités, le Gilgit et le Baltistan, annexés en 1974 par le Pakistan. En revanche, le Pakistan n'aurait jamais déclaré le Cachemire Azad partie intégrante de son territoire. Il faut aussi préciser que le Pakistan exerce le contrôle bureaucratique, militaire et financier de ces territoires. Henri Stern, La guerre du Cachemire n'aura pas lieu. Brad Roberts & Shen Dingli, Nucléaire, le retour d'un grand débat - L'équation nucléaire asiatique. [...]
[...] A ce risque de dégénération de l'affrontement indo-pakistanais en un conflit nucléaire, se superposent d'autres dangers liés au déploiement des armes nucléaires et à l'escalade dans la course aux armements. En effet un processus de développement compétitif de leurs forces pourrait faire sortir l'Inde et le Pakistan de la dissuasion minimale (ce qui implique un nombre réduit d'armes déployées de manière à diminuer les chances de succès d'une attaque préemptive). Cela est particulièrement vrai pour l'Inde, qui recherche une posture nucléaire capable de mener une première frappe et de préserver une capacité de représailles, pour faire face non seulement au Pakistan mais aussi à la Chine. [...]
[...] Cette dernière s'étant renforcée depuis l'invasion soviétique de l'Afghanistan. Grâce au Pakistan, Washington peut disposer de moyens directs de liaison et d'action avec les anciennes Républiques soviétiques d'Asie centrale, considérées comme un enjeu économique et politique vital. En effet, cette partie de l'Asie centrale est l'une des provinces pétrolières les plus riches du monde, comparable à celle de la mer du Nord, surclassée seulement par le Proche- Orient. L'Inde a toutefois vu la position américaine évoluer en sa faveur au cours des années 90, surtout après la destruction des ambassades au Kenya et en Tanzanie en 1998 par les réseaux de Oussama Ben Laden. [...]
[...] L'Inde, de son côté, a maintenu une relation de sécurité avec la Russie. D'un point de vue de politique intérieure, New Delhi refuse la sécession du Cachemire de peur que celle-ci, si elle se produisait, ne déclenche un processus d'éclatement d'un pays en proie à diverses forces centrifuges. De surcroît, cette éventualité renforcerait considérablement le mouvement nationaliste hindou, mettant en danger le caractère laïc de l'Union indienne. Les Pakistanais, quant à eux, font valoir que les principales routes menant au Cachemire ont traversé pendant des années le territoire de ce qui constitue aujourd'hui le Pakistan, tandis que la proximité d'Islamabad et de la région disputée rend la ville vulnérable à une attaque le long de la rivière Jhelum. [...]