Dans L'Arabie Saoudite en question, Antoine Basbous estime que le terrorisme islamique qui ébranle l'Occident, notamment les Etats-Unis, depuis le milieu des années 1990, ne saurait être regardé comme le seul fait d'Al-Qaïda. En témoigne le prestige dont jouit Ben Laden depuis les attentats du 11 septembre auprès des oulémas wahhabites mais aussi de larges couches de la population musulmane et ce, en dépit des condamnations officielles des Chefs d'Etat de ces pays. Un tel prestige s'explique par le fait que l'action d'Al-Qaïda se fonde sur une doctrine dérivée du wahhabisme saoudien : elle n'est donc pas le fruit d'un groupuscule isolé. De ce fait, Antoine Basbous craint que si Ben Laden venait à disparaître, le terrorisme islamique ne serait pas éradiqué pour autant. D'autres hommes, imprégnés de l'idéologie wahhabite, notamment des saoudiens, sont prêts à prendre la relève ? quinze des dix-neuf kamikazes du 11 septembre étaient d'ailleurs d'origine saoudienne. L'auteur s'interroge donc sur le rôle de l'Arabie Saoudite dans le phénomène terroriste actuel et appelle de ses v?ux un durcissement de la politique américaine vis-à-vis de ce pays. L'ouvrage se décompose en quatre chapitres.
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Sommaire de la fiche de lecture
Le ' terroriste ' et le ' héros '
' Le royaume du livre et de l'épée '
Le wahhabisme, islam belliqueux
Le divorce saoudo-américain
Extraits de la fiche de lecture
[...] Mais rien ne permet d'arrêter la contestation du régime. En 1993, six personnalités issues de familles connues créent un Comité de défense des droits légitimes qui reprend le programme du mémorandum : ils sont emprisonnés ou exilés. Oussama Ben Laden devient alors le nouveau porte- parole de ce mouvement de contestation. Cette contestation grandissante s'explique par le fait que la religion occupe une place prépondérante dans la vie des saoudiens. L'enseignement religieux prime tout le reste. Des policiers religieux surveillent en permanence la population pour s'assurer qu'elle respecte les préceptes du Coran. [...]
[...] Il entretient de bonnes relations avec la hiérarchie religieuse. En politique étrangère, il ne se montre pas inconditionnel de l'alliance avec les Etats-Unis et souhaite l'amélioration des relations interarabes, notamment de celles de son pays avec l'Iran et l'Irak. Un rapprochement avec l'Iran permettrait, à ses yeux, d'écarter peu à peu l'armée américaine et de lui substituer un système régional de sécurité. Sur le plan intérieur, il a créé en 2000 un conseil supérieur de la dynastie pour surveiller le comportement de la famille royale Le wahhabisme, islam belliqueux Le wahhabisme s'organise en Arabie Saoudite autour d'une trentaine d'institutions. [...]
[...] Il rebaptise le pays Arabie Saoudite en 1932. Il a désormais les mains libres pour moderniser le pays et fait venir d'Occident tous ceux qui peuvent l'aider à bâtir une administration moderne. A partir des années 1930, la découverte de l'or noir fait de cet Etat l'un des plus puissants du Moyen-Orient. En 1945, il conclut une alliance avec les Etats-Unis : ces derniers s'engagent à assurer la sécurité de l'Arabie Saoudite et à soutenir l'indépendance arabe contre le monopole d'exploitation des gisements pétroliers saoudiens. [...]
[...] Il reproche surtout à Ben Laden d'avoir pensé que l'Occident était trop dégénéré pour attaquer. Dans le plan d'Al-Qaïda, l'Arabie Saoudite se serait ensuite effondrée par un effet de domino : la crise économique internationale aurait privé les Saoud de ressources et leur dynastie aurait été détruite, n'ayant plus rien à distribuer pour assurer la paix sociale Antoine Basbous souligne néanmoins que Ben Laden disposait d'un atout de taille : l'antiaméricanisme arabe, qui s'explique surtout par l'attitude américaine envers le conflit israélo-arabe. [...]
[...] Il est assassiné en 1975 par l'un de ses neveux et le trône passe à son demi-frère Khaled. Mais, celui-ci meurt en 1982 et le prince héritier Fahd lui succède. Le prince Abdallah devient le nouveau prince héritier. Pendant cette période, de fortes dissensions entre la famille des Saoud et les chefs religieux wahhabites se font jour, ces derniers critiquant le pouvoir pour leur lecture laxiste du Coran et leurs liens avec l'Occident. Les Saoud sont contraints de réprimer une insurrection à la Grande Mosquée de la Mecque organisée par des wahhabites rigoristes. [...]