A quoi ressemblera la guerre au XXIè siècle ? Les bouleversements qui ont marqué la dernière décennie du XXè siècle amènent les chercheurs à s'interroger sur la nature et les formes que prendront les conflits dans l'avenir. La chute du mur de Berlin, l'effondrement d'un des deux protagonistes de la guerre froide, l'émergence des pays à la puissance économique nouvelle (dragons, tigres?), la consolidation d'une Europe fédérée sont autant de paramètres changeant radicalement la donne en matière de politiques et de stratégies militaires. Ainsi que le souligne B. Tertrais dans son ouvrage L'arme nucléaire après la guerre froide, durant quarante-six ans, les armes n'ont été conçues et destinées qu'à un éventuel conflit Est/Ouest dont le théâtre aurait été la "plaine européenne". La disparition de l'URSS, si elle a pu apparaître, notamment pour les européens, comme un véritable soulagement, a également entraîné une redistribution de l'échiquier politico-militaire colossale, autour de nouveaux acteurs dont l'identité reste souvent encore à définir.
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Sommaire de la fiche de lecture
La notion de révolution et les incertitudes éludées par la RMA
Cette notion de RMA oblitère totalement l'intérêt collectif et surtout l'intérêt national
Extraits de la fiche de lecture
[...] Ainsi, Murawiec présente-t-il de la guerre une vision totalement acquise aux orientations et intérêts américains. A l'instar de l'idéologie dominante, ce dernier oblitère de nombreuses questions qui manquent cruellement à un ouvrage par ailleurs assez complet et surtout bien écrit. Murawiec fait, en effet, preuve d'une facilité d'écriture remarquable où il marie les images chocs (parler de "hérisson stratégique" pour qualifier Israël 35- est en effet une belle métaphore) à une précision technique suffisamment illustrée pour faire de cet ouvrage un ouvrage un véritable ouvrage grand public. [...]
[...] Doit-on rappeler qu'alors, les effectifs penchaient pourtant plutôt du côté américain : soldats américains conte miliciens panaméens ! Il semble que la défaite américaine au Vietnam soit déjà oubliée : deux forces en présence ne combattent pas forcément avec les mêmes armes et sur les mêmes terrains. C'est ce qu'on appelle "l'asymétrie" à laquelle Murawiec fait brièvement allusion. Or "En ce jeu où les joueurs sont contraints d'accepter des risques quasi infinis, il y a des stratégies qui nous paraissent raisonnables et dont nous invitons l'adversaire à respecter les règles implicites" disait R. [...]
[...] Peut-on faire de la guerre un marché comme un autre ? Si d'une part, il semble que la guerre soit pour une bonne part quelque chose d'irrationnel, où l'héroïsme et le sacrifice peuvent avoir de la valeur, et donc qu'on ne puisse gagner une guerre que grâce à une supériorité technique quelconque, on peut d'autre part se poser la question de la survivance d'une éthique militaire : que penser d'une guerre totalement dématérialisée, où l'on peut tuer un homme à distance sans le voir mourir ? [...]
[...] Mais peut-être faudrait-il commencer par s'interroger sur la notion de "Révolution" : s'agit-il d'une révolution ou, plus simplement, d'une transformation, d'une mutation, d'une adaptation des techniques de guerre à un monde qui a effectivement connu des transformations sociales, économiques, géopolitiques et technologiques, mais qui pour autant continue malgré tout à ressembler fortement à celui de l'époque de la guerre froide ? Comme on le voit, tout ici n'est qu'affaire de focalisation, et selon qu'on met l'accent sur le changement ou sur la continuité, on obtient deux analyses bien distinctes. Ce flou autour de la notion de "révolution" reflète bien le manque de définition à la base de la thèse de Murawiec : qu'est-ce que la R.M.A. ? [...]
[...] Il est certain que les avancées technologiques auront un impact sur la manière de faire la guerre au XXIè siècle. Cependant, ce grand concept, un peu "fourre-tout" de la R.M.A. semble plus être là pour combler un vide créé par la fin de la guerre froide que par un effort réellement constructif de repenser la guerre. La crainte d'un futur mouvant et son lot d'incertitudes seraient ainsi voilés par ce recours à la technologie transformée en bouclier tout-puissant, notion non dénuée d'un certain "ubris" propre aux "Empires". [...]