La théorie de la vitre cassée : analyse et applications
Résumé de l'exposé
Il est intéressant de noter au passage les éléments de choix rationnel identifiables à la lecture du texte, ce qui fera l'objet de la seconde partie de cette étude. En effet, la théorie se base sur l'idée qu'un bien abandonné, la disparition des contrôles sociaux, la peur des habitants du quartier sont autant d'incitations à la délinquance, qui font qu'un voyou peut arriver à la conclusion rationnelle que commettre un délit ne comporte que peu de risques, du fait des faibles chances d'être réprimandé. Il faut donc modifier cet environnement de choix favorable au développement du crime et remonter le coût d'opportunité de celui-ci.
Enfin, nous verrons comment les préceptes de la « Broken Window Theory » peuvent être opérationnalisés par les politiques de sécurité. Injustement réduite à l'idée de « tolérance zéro » par la presse et la classe politique en France, la théorie de la vitre cassée peut effectivement mener à des politiques de réponse policière et judiciaire intensive au crime, mais elle est également le fondement de pratiques de mobilisation de la population dans une optique préventive et partenariale. Et quelle que soit la politique retenue, l'intérêt de la vitre cassée est de proposer des solutions réalistes, immédiatement applicables, utilisables à court terme pour faire baisser le taux de criminalité...
...
Sommaire de l'exposé
'Broken Windows' ou comment les contrôles sociaux informels peuvent enrayer la spirale de la délinquance dans les quartiers.
La spirale du déclin d'un quartier.
Le rétablissement des contrôles sociaux .
Eléments de choix rationnel dans la théorie de la vitre cassée.
La prise en compte d'une nouvelle série de préférences des habitants .
Un environnement de choix favorable aux délinquants.
Remonter le coût d'opportunité du crime.
Les politiques de sécurité découlant de la vitre cassée .
[...] La seconde n'est plus passive, attendant que la première résolve tous ces problèmes. De même, la première se doit d'être à l'écoute des attentes de la seconde, et non se contenter d'être un simple organe d'application de la loi. Wilson et Kelling insistent surtout, comme nous l'avons vu, sur l'importance des contrôles sociaux informels : les habitants d'un quartier, par leur attitude, leur volonté de préserver un environnement urbain salubre, la vie sociale qu'ils donnent à leur rue, sont des acteurs actifs de l'instauration d'un climat de sécurité. [...]
[...] Un environnement de choix favorable aux délinquants Wilson et Kelling partent d'un constat simple : une vitre cassée non réparée, un bien abandonné et dégradé, un clochard importunant les passants sans se faire réprimander constituent une incitation, un signal. En effet, le délinquant peut effectuer un calcul rationnel et arriver au constat que le coût potentiel d'une action contraire à la loi est faible, comme le montre l'exemple de Palo Alto : si une voiture est défoncée dans la rue, c'est qu'on peut commettre toute sorte de forfait avec peu de risques d'être pris. [...]
[...] Sa mission était simple : faire en sorte que les individus déviants respectent certaines règles tacites, informelles et acceptées par les habitants du quartier, sans qu'il s'agisse d'une application de la loi en tant que telle : l'important est que l'ordre public soit assuré au niveau exigé par les habitants. Ainsi par exemple, les clochards étaient invités à boire dans les petites rues adjacentes, pas sur le carrefour principal, et à ne pas importuner les gens attendant le bus. Les contrevenants étaient arrêtés pour vagabondage. [...]
[...] Zimbardo la défonça alors à la masse et la laissa dans cet état. Plusieurs heures plus tard, la voiture était totalement détruite par des passants blancs parfaitement respectables. L'abandon d'une voiture dégradée était un signe que «personne ne s'en préoccupe et que les contrôles sociaux se sont effondrés, ouvrant la porte aux actes de vandalisme. Conclusion : un quartier tranquille peut rapidement se transformer en jungle, pour peu que l'on laisse des biens abandonnés sur la voie publique ou qu'on ne répare pas les objets dégradés. [...]
[...] L'image centrale de la théorie de Wilson et Kelling est celle de la vitre cassée : une vitre cassée non réparée est le signe que les contrôles sociaux communautaires s'effritent, entraînant une véritable spirale de déclin du quartier. En découle, selon les deux auteurs, la nécessité de redéfinir les missions prioritaires de la police : celle-ci a trop délaissé ses missions de maintien de l'ordre pour se tourner vers la répression du crime, abandonnant ainsi son rôle de prévention du crime. [...]