L'accès à la mémoire d'un autre soi-même de Pierre Daix
Résumé de la fiche de lecture
« Mon chemin se confond avec ma vie, mais ma vie ne se confond plus avec l'utopie de ma jeunesse. L'utopie est une drogue comme une autre : il faut discerner la dose qui aide à vivre de celle qui tue ». Le livre de Pierre Daix J'ai crû au matin est paru en 1976. Sans aucun doute, il est le livre du discernement. Ce livre n'est pas l'histoire de sa vie ni même son autobiographie politique. Vingt ans après le XX ème Congrès du parti communiste soviétique, il a voulu reconstruire l'itinéraire au cours duquel il est devenu stalinien et à partir de là, raconter les accumulations de soupçons qui lui ont révélé qu'il avait perverti son idéal. Ce livre part donc de son constat d'échec
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Sommaire de la fiche de lecture
La naissance d'un communiste
Une radicalisation des influences familiales
Le communisme : seule réponse tangible à la menace fasciste
Le communisme comme élément psychologique pour tenir
Les années de certitude : (1947-1950)
Pierre Daix : figure de proue des intellectuels communistes
Les procès Kravchenko et Rousset
Après la rupture, écrire pour s'expliquer
Étapes d'une rupture
Pourquoi écrire ce livre ?
Extraits de la fiche de lecture
[...] Contrairement à J.P Sartres, Daix n'est pas un cynique, il n'a pas accepté tous les moyens possibles y compris les pires pour concrétiser une certaine finalité de l'histoire. Quand la réalité n'a plus correspondu à l'utopie, Pierre Daix a compris son échec. En guise de conclusion, on pourrait appliquer dette phrase de Saul Bellow au cas de Pierre Daix il a investi des trésors d'intelligence au service de l'ignorance, car son besoin d'illusions était profond Bibliographie Pierre, Daix ; J'ai crû au matin. Laffont :1996. [...]
[...] C'est le récit d'un transfuge de la bureaucratie soviétique installé en Amérique. Ce livre donne lieu à un interminable procès de l'auteur contre les Lettres françaises. Lors de ce procès, Daix explique que les camps soviétiques dont parle Kravchenko ne sont que des camps de rééducation, qu'ils n'ont rien à voir avec les camps de concentration. Encore plus révélateur est le procès de David Rousset. Le 12 novembre 1949, David Rousset publie dans le Figaro littéraire un appel aux anciens déportés des camps nazis et à leurs organisations. [...]
[...] L'appel mettait ainsi en doute l'existence même du socialisme en URSS. En effet, selon Rousset, le réseau des camps de concentration se présentait comme le développement naturel d'une société nouvelle, le goulag étant géré par une section du ministère des Affaires étrangères. Cette affirmation ouvrit une violente campagne contre le PCF. Face à ces attaques, le PCF répliquait qu'il s'agissait d'accusations bourgeoises. L'apogée de ce conflit fut atteinte lors de la parution d'un article intitulé Pierre Daix, matricule 59807 à Mauthausen répond à David Rousset Pierre Daix accusait notamment Rousset d'avoir copié des documents écrits sur le camp de Buchenwald pour constituer son article. [...]
[...] A cet égard, le cas de Pierre Daix se révèle très intéressant. III. Après la rupture, écrire pour s'expliquer 1. Étapes d'une rupture Cette rupture s'est effectuée en quatre temps : Contre l'autoritarisme du Parti : Pierre Daix se révolte l'intrusion du Parti, contre ce conformisme, notamment dans le domaine de l'art. En 1952, l'affaire Fougeron servira de déclencheur. Fougeron est un peintre médiocre qui devient pourtant peintre officiel du Parti. Mais malgré toutes ses critiques, Pierre Daix doit se plier aux ordres du Parti et le consacrer lui aussi peintre officiel du prolétariat. [...]
[...] Sa mère quant à elle se situe également sur la gauche de l'échiquier politique. Elle est profondément laïque. A 18 ans, elle crée sa propre école laïque dans un village où le curé fait la loi. Son oncle, trotskiste, a aussi joué un rôle prééminent dans son éducation politique. Cependant, Pierre Daix trouve sa famille, son père en particulier trop frileuse en ce qui concerne leurs engagements politiques. Aussi écrit-il je songe que si j'ai pris par la suite des risques pas toujours nécessaires, ce fut en réaction à ce chemin précautionneux que mon père me traçait Son père était en effet persuadé qu'une seconde guerre contre l'Allemagne serait inéluctable, c'est pourquoi il a forcé son fils à apprendre l'allemand, afin que celui-ci ne se retrouve pas au front en tant que chaire à canon. [...]