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Interview d'un recruteur de jeunes diplômés

L'on a parlé des jeunes diplômés et de leur situation face à l'emploi, mais que pensent les recruteurs des jeunes diplômés ? Nous avons eu l'opportunité de poser quelques questions à un chargé de recrutement au sein de Page Group, Milan Momtaz, qui a eu l'amabilité de nous répondre. Quels sont les bons points des candidats jeunes diplômés ? Comment un jeune diplômé devrait-il se comporter afin de réussir son entretien ?

Interview d'un recruteur de jeunes diplômés

Credit Photo : Pixabay

- Pourriez-vous vous présenter en quelques mots s'il vous plaît ? Quels parcours avez-vous suivis ?

Milan Momtaz, 25 ans, jeune diplômé. Je suis une personne avenante, volontaire, motivée continuellement par des projets personnels et professionnels. Mon parcours se décompose en deux parties : la première, 4 années en école Hôtelière en apprentissage où j'ai pu effectuer les missions d'assistant de direction dans deux restaurants. La seconde, deux années en école de commerce en apprentissage où j'ai pu travailler pour Page Group en tant que chargé de recrutement pour l'ouverture de la division Hôtellerie Tourisme.

- Vous travaillez au sein de Page Group depuis 2 ans maintenant, comment avez-vous été recruté ? Comment vos entretiens se sont-ils déroulés ?

J'ai été contacté par un membre du board de chez Page (un directeur exécutif) qui m'a parlé de ce projet d'ouverture. Par la suite, j'ai pu rencontrer le directeur senior ainsi que ma manager directe afin de valider mes compétences, ma volonté d'intégrer un cabinet et donc de sortir de l'opérationnel en restauration. Ils ont aussi vérifié l'adéquation entre leurs personnalités et la mienne, mais surtout ma capacité d'investissement futur sur le poste.

- Quel est le pourcentage de jeunes que vous recevez en entretien ?

Je ne peux vous donner un pourcentage, mais nous sollicitons un grand nombre de jeunes profils sortant d'écoles pour des postes en opérationnel (réceptionniste, agent de réservation, agent de voyage), mais aussi pour des postes supports (chargé de back office, commerciaux, marketing...).

- Quelle compétence ou quel trait de caractère vous frappe-t-il le plus chez les jeunes diplômés ?

La question est vaste. Mais il est vrai que les jeunes diplômés sont des profils moins investis que les générations précédentes. On décrit souvent les jeunes comme une génération "d'enfants rois", et cela se démontre sur le marché du travail par leur manque d'engagement. Mais ce n'est pas une globalité, les contres exemples sont nombreux.
Par ailleurs, on peut dire que cette génération est très curieuse, pluriculturelle et donc souvent tournée vers des postes à l'international.

- Que recherchez-vous chez un jeune diplômé ?

Bien entendu les recruteurs recherchent chez un jeune diplômé des compétences, acquises par de l'apprentissage ou des stages. Mais ils recherchent d'abord une "tête bien faite" et une personnalité, qui saura s'investir, s'engager sur du long terme.

- Qu'est-ce qui vous rebute au contraire ?

Ce qui, peut-être, rebute les recruteurs est le manque de transparence. Il est sûr que la ponctualité, la tenue vestimentaire et la communication du candidat peuvent le mettre en valeur ou bien l'inverse.

- Quelles principales différences entre une candidature intéressante et une candidature qui l'est moins ?

Il n'y a pas de candidature plus ou moins intéressante. Le recruteur a pour mission d'identifier le fonctionnement de l'entreprise, sa culture, son organisation (au global et pour chaque service) et les compétences attendues sur le poste. De ce fait, son but est de trouver le candidat qui correspond et/ou s'adaptera au mieux à ces différents éléments.

- Que regardez-vous en premier lieu sur un CV ? Quels sont les critères de présélection ?

Dans un premier temps, nous observons la manière dont le CV est mis en page, cet élément reflète certains points de la personnalité du candidat. Par la suite, nous observons ses expériences (si le candidat a évolué ou non, les compétences qu'il a pu acquérir sur chaque poste, sa stabilité ou sa volatilité...) et ses formations. Pour finir, nous validons les modalités (mobilité, permis, langues) afin que celles-ci correspondent avec les attentes de l'entreprise sur le poste à pourvoir.

- Selon vous, quel est le comportement idéal qu'un jeune candidat doit adopter lors d'un entretien ?

Le candidat qui réussira le mieux son entretien devra être ponctuel, aimable, avenant (permet de créer du lien avec le recruteur), synthétique dans ses explications (n'expliquez que l'essentiel) et surtout le plus transparent possible.

- Dans votre secteur, quel est le profil type d'un candidat jeune diplômé ?

En hôtellerie ou dans le Tourisme, il n'y a pas de profil type, car c'est un marché qui se professionnalise. Depuis une vingtaine d'années, il y a un fort développement de nouveaux diplômes, avec différentes spécificités, du CAP jusqu'au Master : il existe des écoles hôtelières, des centres de formation pour jeunes, mais aussi pour des personnes plus âgées en reconversion et pour finir des écoles de commerce. Mais il y a encore aujourd'hui un fort pourcentage de personnes autodidactes sur ce marché.

- Favorisez-vous plutôt un jeune diplômé sans expérience ou un jeune diplômé avec expérience ?

Dans l'hôtellerie ou dans le tourisme nous recherchons avant tout des compétences techniques, donc nous privilégions toujours l'aspect "expérience" du profil. Aujourd'hui les entreprises ont différents outils, internes comme externes, à leur disposition pour former les salariés, mais il est toujours préférable d'avoir un candidat directement opérationnel dès la prise de poste. Cela permet d'éviter l'attente et les coûts de formation.

- Quel est le meilleur entretien que vous ayez conduit avec un jeune diplômé ? Poste ? Compétences ? Attitude du candidat ?

La personne au profil junior qui m'a le plus marquée était un jeune Mexicain, qui recherchait un poste de réceptionniste en 5*. Il avait étudié dans une grande école, en effectuant ses stages à l'international dans des entreprises luxueuses. Il a pu développer des compétences professionnelles recherchées, comme le fait de parler plusieurs langues, d'être dynamique, organisé, pro-actif et efficient dans la gestion d'une clientèle haut de gamme. En entretien il était à l'aise. Il a pu créer un climat d'échange et de confiance, tout en valorisant son profil.

- Et au contraire, quel est le pire entretien que vous ayez conduit ?

Une personne plus senior, avec de belles expériences professionnelles. Il est arrivé en entretien avec une attitude nonchalante. Il avait sans doute peu dormi la veille. Son entretien n'était pas préparé et il ne connaissait pas les missions du poste pour lequel il était postulant, surtout que celles-ci avaient certaines spécificités. Son explication de parcours n'était pas organisé et quand j'essayais de recadrer l'entretien, il se braquait. L'échange n'était plus possible.

- Quel est votre regard sur les jeunes diplômés réorientés ?

Je n'ai pas un regard particulier sur les jeunes diplômés réorientés, car j'en fais moi même partie. En ce qui concerne les recruteurs, pour ces profils, une question de plus se pose : pourquoi le candidat a-t-il fait le choix de la réorientation ? Dans ce cas, l'objectif du recruteur est de déterminer si son choix est réfléchi et quels moyens il a mis en place pour réussir au mieux sa réorientation.

- Comment jugeriez-vous l'insertion des jeunes diplômés sur le marché du travail aujourd'hui ?

Il est sûr que l'insertion des jeunes diplômés sur le marché du travail est bien moins facile que pour la génération de nos parents ou grands-parents, qui ont connu l'essor économique d'après-guerre. Mais nos générations vivent une époque tout aussi intéressante. L'essor des nouvelles technologies a permis la création de nouveaux marchés, mais aussi la suppression d'autres. La systémique est similaire pour le marché de l'emploi. Certains métiers se créent, d'autres disparaissent. Dans ce sens, certains jeunes diplômés profitent de marchés qui recrutent fortement, et d'autres tout l'inverse. Le choix du parcours scolaire, académique, ou même professionnel, est stratégique.

- Combien de CV étudiez-vous pour un poste ? Combien en recevez-vous ? Combien de personnes recevez-vous pour un même poste ?

Nous recevons et étudions un nombre important de CV pour un même poste, parfois plus d'une centaine. Puis nous pré-qualifions par téléphone les candidats aux profils convenant à nos recherches. Ensuite, nous rencontrons généralement entre 20 et 30 candidats pré-sélectionnés, afin de proposer au manager opérationnel une short list de 3 candidats potentiels pour un poste.

- Si vous aviez des conseils à donner aux jeunes diplômés dans leur recherche de travail, quels seraient-ils ?

. répondre à un maximum d'offres pour optimiser leurs chances d'être rencontrés,
. préparer un argumentaire solide et réfléchi pour chaque poste,
. se renseigner sur l'entreprise et sa culture, identifier l'interlocuteur et appréhender au mieux les missions du poste et les compétences attendues.


Nous remercions Milan d'avoir accepté de répondre à nos questions. Nous espérons que cette interview vous donne une idée plus précise de ce que les recruteurs attendent de vous et de votre candidature.

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