Chante ton bac d'abord - David André (2013) - Comment David André parvient-il à dresser un état des lieux de notre société, à travers le portrait de cinq jeunes et un documentaire chanté ?
Résumé de l'exposé
"Du baccalauréat, il n'en sera pas question." Rémi Fontanel annonce la couleur du nouveau film de Maurice Pialat, Passe ton bac d'abord, sorti en 1978. Le cinéaste a posé sa caméra à Lens où il filme une bande d'adolescents l'année du baccalauréat, attendu par les uns et les autres avec plus ou moins d'anxiété ou d'indifférence. Poussés par leurs parents qui voient le fameux diplôme comme un accès au travail, les jeunes sont plutôt désabusés face à un avenir qui reste encore à inventer.
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Sommaire de l'exposé
Démarquez-vous - Le documentaire chanté
Le bac, c'est plus ce que c'était
Extraits de l'exposé
[...] Mais l'écriture à proprement parler se fait au montage. De plus, certaines intentions du réalisateur ont été bouleversées puisqu'il envisageait de tourner plus de scènes au lycée par exemple, mais la présence de la caméra ayant provoqué une jalousie et une hostilité de la part de certains élèves, l'équipe de tournage a dû se tourner vers d'autres lieux. De même, le tournage a eu du mal à se mettre en place : sur les deux premiers mois de l'année scolaire, seuls trois jours de tournage ont eu lieu, le temps que les familles reçoivent et se familiarisent avec le projet. [...]
[...] Comment David André parvient-il à dresser un état des lieux à la fois de notre société, à travers le portrait de ces cinq jeunes, et du cinéma, par cette forme originale et singulière du documentaire chanté?? Nous analyserons d'abord la forme documentaire, sa fonction, son intérêt, mais aussi ce qu'elle dévoile de l'état du cinéma français d'aujourd'hui. Puis, nous verrons en quoi le thème du film, notamment par une mise en relation avec le film de Maurice Pialat, nous renseigne sur l'état de la jeunesse et de la société contemporaine. [...]
[...] À la différence des adolescents de Passe ton bac d'abord, ceux que nous dévoile David André ont des rêves, des désirs, pour reprendre le terme du professeur de philosophie. C'est ce que nous dit Gaëlle, narratrice du film dès la scène d'ouverture : «?Je crois qu'on avait un truc en commun, on a failli rendre dingues nos parents?; eux nous prenaient la tête tous les jours, en nous suppliant de penser à notre avenir tout de suite, immédiatement, sans plus tarder, sauf que nous on avait des rêves dans la tête plutôt que des plans de carrière.?» Ainsi, Gaëlle voudrait poursuivre des études d'arts, Nicolas devenir psychologue et Caroline entamer des études d'histoire pour devenir archéologue. [...]
[...] Le film montre le balancier qui existe entre parents et enfants qui n'ont pas connu le même contexte socio-économique. Que faut-il dire à un enfant aujourd'hui?? C'est la question que semblent se poser tous les parents, mais personne n'a la réponse. Il semble qu'il faille juste encourager ces jeunes à se réaliser dans leur travail, il faut les projeter, car ils ne peuvent pas se projeter tout seul, à l'instar de Gaëlle qui sort de chez la conseillère d'orientation encore plus indécise qu'avant. [...]
[...] En effet, David André s'est posé la question de comment faire pour associer les cinq adolescents au projet pour qu'ils ne soient pas uniquement des sujets filmés. Le réalisateur les a alors intégrés au processus d'écriture des chansons, à travers leur histoire personnelle. Il s'agit pour les cinq adolescents de se révéler par la chanson et de l'utiliser pour montrer ce qu'ils ont sur le c?ur et dans l'âme, ce que nous ne voyons pas à l'écran par la simple captation documentaire. [...]