C'est peu de temps après l'été, le jour de son anniversaire, que Mireille Jospin annonça à ses enfants que « ce sera donc le 17 octobre » qu'elle mettra fin à ses jours, car elle avait décidé qu'elle avait fait son temps et que la fatigue arrivant elle se devait de partir tant qu'elle était encore valide et en bonne santé mentale, afin de fuir l'extrême vieillesse et non la vie. Ce livre de Noëlle Châtelet, fille de Mireille Jospin, retrace donc d'une manière autobiographique le vécu et les ressentis de l'écrivaine les mois durant entre le moment où la mère annonce la décision de se suicider et l'exécution de son acte d'euthanasie, c'est-à-dire le 5 décembre 2002 (au lieu du 17 octobre comme cela était prévu). L'histoire se déroule à Paris dans l'appartement de la mère le l'auteur. La chaleur de l'intérieur avec le « vin sur la table, et le thé», la « jolie orchidée mauve » offerte par sa fille et qui avait flétri en la « sortant du frigidaire », les allusions à l'«herbe du jardin de bord de mer » apportent un petit peu de chaleur au « froid de la mort annoncée » par ces « six mots d'acier» (« ce sera donc le 17 octobre »). Les allusions au « crocodiles du Niger » et « à la vieille indienne » adoucissent cette atmosphère de vent givré apporté par la mort.
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Sommaire de la fiche de lecture
Quelques mots sur l'auteur
Situation, contexte, thème
Problématique, enjeux, thèse
Résolution argumentée de la problématique
Informations et arguments critiques
Extraits de la fiche de lecture
[...] Dense crinière d'une femme écrivaine, professeure, qui fit l'actrice le temps de quelques films, ne déteste pas les mondanités en dame du monde que l'on raconte tantôt chaleureuse, tantôt coupante et fait «pâtes ouvertes» pour les amis le dimanche soir dans sa cuisine. A priori une fille tôt sortie des jupons de sa mère. A 10 ans, elle est en pension. Huit longues et très strictes années, jupes bleu marine, chaussettes et gants blancs, dortoirs, discipline, tout appris en pension, la révolte, la solidarité, l'amitié . Je m'y suis forgée dans la nostalgie de l'enfance.» Manque les mots de la mère posés sur les troubles de l'adolescence, manque ses conseils jadis prodigués sur un coin de table à l'heure des devoirs. [...]
[...] Les cheveux, quel étrange idée, mais n'y a t'il pas chose plus personnelle qu'un cheveux. Les cheveux tous comme les empreintes digitales, l'ADN, les yeux sont autant de choses qui sont uniques. Les cheveux de cette vieille Dame de 92 ans, un chignon blanc dans un filet, et les cheveux châtaigne de cette même femme quelques années plus tôt. C'est par des détails loin d'être anodins que la mère de l'auteur constitue une sorte de chasse au trésor dans sa maison, que les enfants devront résoudre à la mort de la mère. [...]
[...] Plutôt mûrir Par Judith PERRIGNON mardi 31 août 2004 Noëlle Châtelet en 5 dates Octobre 1944 Naissance à Meudon Décès de son époux François Châtelet Goncourt de la nouvelle, Histoires de bouches Mort de sa mère La Dernière Leçon (Seuil). Le 5 décembre 2002 est morte Mireille Jospin. Cela fit quelques lignes dans les journaux. Sobre départ de la mère d'un ancien Premier ministre. Mireille Jospin s'est donné la mort le 5 décembre 2002. Elle ne fuyait pas la vie mais l'extrême vieillesse. Trois mois plus tôt le jour de ses 92 ans, elle avait prévenu ses quatre enfants de l'imminence de son geste. [...]
[...] Autrement dit l'auteur répond à la problématique de: comment une personne peut-elle décider de mourir, et comment elle doit procéder dans ses démarches envers ses proches ? Résolution argumentée de la problématique : Ce sera donc le 17 octobre. C'est ainsi, par cette phrase, toute simple, ces six mots d'acier, tout simples, que tu nous l'as annoncée, ta mort. C'est par cette phrase introductrice que débute La Dernière Leçon de Noëlle Châtelet. Ce sont des mots simples et pourtant durs et tranchants. C'est par cette date guillotine que commence le livre. [...]
[...] La fille derrière, jeune épouse d'un philosophe célèbre qui s'était donné jusqu'à l'âge de 30 ans «pour exister» sans savoir qu'elle deviendrait aussi soeur d'un Premier ministre candidat à l'élection présidentielle, dont elle rameutait le comité de soutien, tout en pestant pour qu'on la reconnaisse comme écrivaine. Dans un mois, elle aura 60 ans. Chaque année, le 16 octobre, la mère composait le numéro de sa fille dont c'était l'anniversaire et poussait dans le téléphone le vagissement, pour elle si familier, du nouveau-né. Elle ne le fit pas le 16 octobre 2002, pour habituer sa fille à son absence. Elle avait toujours été là. [...]