Daniel Cohen, Richesse du monde, pauvretés des nations
Résumé de la fiche de lecture
Face à la prospérité de l'économie mondiale et au fait que les inégalités entre pays du Nord et pays du Sud tendent à se réduire, on assiste à une montée des inégalités internes aux pays du Nord. D.Cohen se dresse contre la tentation de tisser un lien de causalité entre ces deux constats, lien qui reviendrait à imputer la responsabilité de la crise et de l'appauvrissement des pays riches à l'enrichissement des pays « pauvres » par l'intermédiaire du commerce mondial. Opposé à cette idée, D.Cohen émet l'idée selon laquelle la mondialisation ne se fait pas contre les travailleurs peu qualifiés des pays riches
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Sommaire de la fiche de lecture
Extraits de la fiche de lecture
[...] Ainsi écrit-il en guise de conclusion la phrase suivante : c'est en se convainquant que la menace qui pèse sur leurs sociétés vient du dehors, que les pays riches se rendent aveugles aux transformations qu'ils ont eux- mêmes engagées L'auteur met en avant les risques au devant desquels les pays industrialisés courent par une telle attitude : d'une part l'illusion de la nécessité d'affaiblir l'Etat-Providence pour pouvoir affronter la concurrence salariale des pays du Sud, et d'autre part des réflexes protectionnistes inadaptés. L'ouvrage de Cohen est remarquable de par sa clarté et la qualité du raisonnement de l'auteur. [...]
[...] Ainsi, seuls les travailleurs peu qualifiés des pays riches seraient les perdants de la mondialisation. L'auteur reprend notamment la terminologie de R.Reich : la mondialisation favorise les manipulateurs ou producteurs de symboles (p. et cela au détriment des travailleurs routiniers et cela a pour conséquence un enrichissement inégal et un creusement des inégalités au sein des pays riches. Mais, selon D.Cohen, il faut envisager le mouvement inégalitaire comme étant en fait le premier ; c'est dans son sillage que vient s'inscrire le commerce international. [...]
[...] Richesse du monde, pauvretés des nations me semble être relativement abordable pour un large public, même s'il s'agit sans aucun doute d'un ouvrage scientifique qui nécessite des connaissances de base. Ce n'est pas pour autant que l'auteur sacrifie clarté et précision pour se rendre sa pensée plus accessible, et on peut féliciter l'auteur pour cela. Les prises de position de l'auteur peuvent plaire ou déplaire ; en tout cas elles sont toujours justifiées. Un des arguments les plus surprenants développés par l'auteur à mes yeux, même si Cohen le présente de façon très pertinente, est celui selon lequel les bonnes intentions que peuvent prendre les pays industrialisés pour stopper l'hémorragie de cette paupérisation et de cet accroissement des inégalités en leur sein, peuvent avoir des résultats opposés à leurs objectifs de départ, c'est-à-dire une aggravation des phénomènes combattus. [...]