Causes et conséquences des crises financières des pays émergents ?
Résumé de l'exposé
Les grandes crises financières des pays émergents depuis 1994:
1994: crise mexicaine,
1998: crise asiatique (Corée du Sud, Malaisie, Thaïlande, Indonésie, Philippines),
crise russe,
crise brésilienne,
2000: crise turque,
2001: crise argentine.
La multiplication des crises financières dans les pays émergents depuis 7 ans est révélatrice de la transition critique dans les périphéries de l'ancienne régulation du capitalisme vers une nouvelle régulation. L'ancienne régulation tablait, au Nord comme au Sud, sur un axe Etat national-capital national, véritable moteur de l'accumulation; la nouvelle régulation casse cet axe et le remplace par un axe firmes multinationales-puissances supranationales (OCDE, Union Européenne, FMI). Pour les pays émergents, cela s'est traduit par un renouvellement des maux économiques auxquels ils sont confrontés: crise de la dette dans les années 80, instabilité financière aujourd'hui.
Ces crises financières doivent être analysées dans une double perspective: d'une part, elles ont mis à jour dans les économies des pays émergents des faiblesses jusque-là mal appréhendées ou, en tout cas, mal évaluées (parités de changes maintenues au-delà du raisonnable, opacité des structures financières, endettement extérieur comportant une trop grande proportion d'échéances à court terme...); d'autre part, ces crises ont fait ressortir des dysfonctionnements du marché mondial de capitaux, liés à une volatilité excessive des flux de financement vers les pays émergents.
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Sommaire de l'exposé
Les causes des crises financières des pays émergents
Le surinvestissement et le surendettement dans une contexte d'opacité et de financement des déficits par des capitaux à très court terme
Des déséquilibres extérieurs dangereux en régime de changes fixes
Les conséquences des crises des pays émergents
Pour les pays émergents
La contagion au reste du monde
Extraits de l'exposé
[...] Cette structure de financement était donc potentiellement déstabilisante. - L'insuffisante crédibilité des politiques économiques : les relations particulières entre les entreprises et l'Etat et l'opacité de l'information macroéconomique et financière ont fait douter les marchés financiers des réelles possibilités de changement annoncées par les gouvernements. - La forte intégration régionale économique et financière : plus avancée dans le cas asiatique qu'en Amérique latine ou en Europe de l'Est, elle entraîne une synchronisation des cycles conjoncturels et peut entraîner un effet de domino en cas de crise. [...]
[...] A moyen terme se pose la question de l'évolution des flux de capitaux : le tarissement des flux de financements extérieurs en direction des pays émergents menace leur potentiel de croissance. Ainsi, lorsqu'elles se généralisent, les crises financières des pays émergents peuvent affecter négativement l'évolution de l'économie mondiale : l'impact sur la croissance mondiale de la crise asiatique a été évalué à selon le modèle MIMOSA. La résistance de l'économie mondiale aux crises financières des pays émergents L'interdépendance des économies et des marchés financiers multiplie certes les phénomènes de contagion. [...]
[...] Une fois la crise enclenchée, l'arrêt brutal des financements, et même leur recul, pour des pays qui avaient pris l'habitude d'un financement aisé par endettement extérieur, a été pénalisant et a amplifié le choc. Cette situation soulève deux grands problèmes pour l'avenir : - d'abord, la question du redémarrage de la croissance dans les pays émergents. La solution passe sans doute par le basculement d'un modèle de croissance tourné vers l'intérieur à un modèle de croissance interne, soutenue par la consommation domestique. [...]
[...] Cette permissivité a deux origines principales : - Le "capitalisme de cour" : depuis les années 1970 ou 1980, la nature "incestueuse" des relations entre l'Etat, les banques et les entreprises a permis de développer des crédits risqués sans que le créancier (la banque) ni le débiteur (l'entreprise) n'aient à en subir les désagréments en cas de défaillance du projet, car le montage de l'opération reposait sur une garantie implicite de l'Etat du pays débiteur. Ce comportement financier permissif, qualifié de "moral hazard" a favorisé un développement inconsidéré du crédit et a conduit à privilégier des projets risqués. - Depuis le début des années 1990, la libéralisation financière sans que des organismes de contrôle prudentiel aient connu un développement approprié. Les risques : - Un surinvestissement et des surcapacités : conséquence de l'euphorie financière, ils concernent en particulier le secteur immobilier. [...]
[...] Les causes des crises financières des pays émergents Les facteurs des crises financières des pays émergents sont toujours difficiles à cerner complètement (Cf. Paul KRUGMAN : "quiconque affirme comprendre le désastre prétend parler de choses qu'il ne comprend pas"). Deux facteurs principaux peuvent tout de même être mentionnés sans prétendre à l'exhaustivité. Le surinvestissement et le surendettement dans une contexte d'opacité et de financement des déficits par des capitaux à très court terme Laxisme financier et afflux de capitaux Selon Alan GREENSPAN, "ces pays [touchés par la crise asiatique] ont reçu beaucoup plus de capitaux que ne l'auraient justifié des perspectives raisonnables de croissance et de risque". [...]