Le concept de 'privatisation' de l'Etat, développé par B. Hibou, décrit et analyse une 'montée en puissance des acteurs privés, des intermédiaires et des réseaux mais aussi, la poursuite de la formation de l'Etat à travers des processus de délégation et de contrôle ex-post'. L'Etat n'est pas en faillite, il résiste et continue de se former. 'La privatisation de l'Etat n'implique ni perte de ses capacités de contrôle ni sa cannibalisation par le privé mais son redéploiement, la modification des modes de gouvernement sous l'effet des transformations nationales et internationales'
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Sommaire de l'exposé
Depuis le milieu des années 1970, la thématique du retrait de l'etat semble dominante ce qui se traduit par une privatisation, plus ou moins poussée, des fonctions étatiques
Après une historique, l'etat a été fortement contesté
La privatisation de l'etat affecte l'ensemble des attributs de la souveraineté
La privatisation de l'etat, est cependant, plus qu'un retrait, un redéploiement de l'etat au service d'une nouvelle gouvernementalité
Le retrait de l'etat est limité
Les formes de gouvernementalité sont en réalité multiples
Extraits de l'exposé
[...] L'affermage ou la décharge de l'impôt est une des formes les plus poussées de la privatisation économique de l'Etat. En Indonésie, l'Etat a délégué à une société privée les services des douanes. L'entreprise procède au contrôle des valeurs lors de leur entrée et sortie du territoire et elle évalue les droits à payer et les collecte pour le compte de l'Etat. J-F Bayart a développé en cours l'exemple du Fonds National de Solidarité en Tunisie qui finance le Président Ben Ali. [...]
[...] L'industrie de l'audit, primordiale dans une économie de marché dominée par l'appel public à l'épargne, jouit d'une indépendance qui peut surprendre. L'expérience récente du cas Enron/Andersen montre les enjeux du désengagement de l'Etat de ce secteur. Les cartels et le protectionnisme privé sont souvent sous-estimés par les critiques de l'interventionnisme ou du protectionnisme public. Désengager l'Etat, c'est, dans bien des cas, laisser les oligopoles se transformer en cartels. Les organisations internationales. Pour S.Strange, les organisations internationales restent dominées par les Etats forts. Seuls les Etats faibles sont réellement contraints d'abdiquer une part de leur souveraineté. [...]
[...] De plus les partenaires privés de l'Etat sont loin de représenter une force unie et cohérente. Ainsi la société civile internationale n'est ni si civile ni si non gouvernementale Sa définition varie selon les pays (Aux USA on y inclut syndicats, entreprises, cabinets de conseil, etc De plus elle présente une forte asymétrie nord/sud. Les ONG, nous l'avons vu, sont des ressources en politique locale pour les Etats du nord, mais aussi pour les Etats du Sud. Elles peuvent servir à obtenir une respectabilité. [...]
[...] Leur pénétration en Afrique est favorisée par la désagrégation des Etats et la milicisation (R. Marchal) des sociétés africaines. Cette privatisation de la guerre ne concerne pas seulement d'anciens baroudeurs (comme Bob Denard) mais de véritables entreprises internationales. Ces firmes lient gestion des conflits et gestion des ressources économiques des Etats. Elles cherchent à exploiter des situations de rente (pétrole, minerai). Les principales entreprises de sécurité (Sandline International Military Professional Ressources Inc. Executive Outcomes du S et Levdan ?Israël) tentent de légitimer leurs actions et de se faire reconnaître part la communauté internationale. [...]
[...] Il semble ainsi en réalité qu'aujourd'hui l'Etat se nourrisse de la globalisation et des privatisations. Ceci se traduit par de nouveaux modes de gouvernementalité dans un environnement changé. Le cas de la diplomatie est intéressant. Nous avons évoqué en première partie la résolution para-diplomatique du conflit en Géorgie. Un autre exemple montre combien le secteur privé peut être instrumentalisé par les Etats : de nombreux pays ont eu recours à des vitrines privées pour conserver des relations avec Taiwan malgré une non reconnaissance politique. [...]