Y a-t-il une crise de la représentation politique ?
Résumé de l'exposé
Le rejet du référendum sur le Traité établissant une Constitution pour l'Europe du 29 mai dernier en France a montré, au-delà de la portée politique supranationale, un désaveu pour les partis de gouvernement traditionnels qui s'étaient engagés en faveur du oui. Car c'est bien là une des explications avancées à ce coup de semonce : par-delà les considérations de politique européenne, les citoyens français (suivis quelques jours plus tard par les néerlandais) ont choisi de ne pas faire confiance aux deux grands partis dominant la vie politique française et censés les représentés. Cet événement a amené les experts à s'interroger une fois de plus sur l'état de la vie politique française autour d'une question récurrente : le vote du 29 mai est-il le reflet d'un rejet ponctuel d'une politique jugée néfaste ou s'inscrit-il plus largement dans la logique d'une crise de la représentation politique ?
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Sommaire de l'exposé
Tous les indicateurs traditionnels tendent à pointer vers une crise de la représentation politique, qu'il s'agisse de représentation nationale ou bien de représentation spécifique
La variable seule de la représentation politique est insuffisante pour une telle analyse, étant entendu que le problème de la représentation doit être envisagé au niveau de la société dans sa globalité et non depuis la seule optique politique
Extraits de l'exposé
[...] Si on ne trouve plus aujourd'hui d'attrait à la vie politique sous toutes ses formes, cela ne veut pas dire que l'on ne s'y intéresse pas. Au contraire. Le milieu associatif devient une alternative à l'action politique traditionnelle. Pour les individus qui ne font plus confiance au politique, les associations sont un moyen de rester connecter à la société tout en cherchant à l'influencer par des moyens nouveaux. On ne participe pas directement à la décision mais on cherche à l'influencer par le lobbying ou des manifestations de grande ampleur. [...]
[...] Là, ce sont les mécanismes mêmes de la démocratie qui sont en jeu. L'électeur considère que le parti le plus proche de ses idées ne pourra pas accéder à la représentation. Il s'agit là d'une profonde remise en cause du système politique dans son ensemble. Le vote-sanction participe un peu de la même logique. L'électeur choisit non pas d'apporter son suffrage à l'offre la plus proche de ses attentes mais bien de le retirer à une formation politique dont il juge l'action insatisfaisante. [...]
[...] Y-a-t'il une crise de la représentation politique ? Le rejet du référendum sur le Traité établissant une Constitution pour l'Europe du 29 mai dernier en France a montré, au-delà de la portée politique supranationale, un désaveu pour les partis de gouvernement traditionnels qui s'étaient engagés en faveur du oui. Car c'est bien là une des explications avancées à ce coup de semonce : par-delà les considérations de politique européenne, les citoyens français (suivis quelques jours plus tard par les néerlandais) ont choisi de ne pas faire confiance aux deux grands partis dominant la vie politique française et censés les représentés. [...]
[...] Cette crise des partis traditionnels se manifeste assez brutalement dans le paysage politique. On se souvient du 21 avril 2002, lors du premier tour de l'élection présidentielle en France où le candidat du Parti Socialiste Lionel Jospin fut éliminé au profit de Jean-Marie Le Pen, représentant de l'extrême droite. Ce fut également le cas plus récemment en Allemagne, lors des dernières consultations législatives, où les deux grands partis (SPD pour la gauche et CDU-CSU pour la droite) n'ont pas été capable de rassembler sur leur nom suffisamment de voix pour constituer une majorité stable au gouvernement. [...]
[...] Et les modalités de la représentation en sont une cause fondamentale. En effet, il est difficile de concevoir la démocratie si toutes les forces politiques ne peuvent obtenir de représentation. Les Etats tendent à mettre des barrières pour l'accession au pouvoir, que ce soit par le mode de scrutin (variable que nous avons déjà analysée) ou par la restriction de l'exercice de la démocratie (instauration de barrière électorale de 3 à des suffrages exprimés pour avoir droit à la représentation proportionnelle). [...]